Les États-Unis ont réclamé lundi la suspension du Venezuela de l'Organisation des États américains (OEA), l'accusant de déroger aux règles démocratiques, soutenus par six autres poids lourds de l'institution panaméricaine qui demandent le lancement de ce processus.

Lors de l'Assemblée générale annuelle de l'OEA à Washington, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a réitéré cette demande américaine, prévue selon lui par la Charte démocratique interaméricaine «quand un État membre interrompt de manière anticonstitutionnelle l'ordre démocratique».

Le vice-président Mike Pence avait déjà lancé un tel appel avant la présidentielle du 20 mai, remportée par le sortant Nicolas Maduro mais dénoncée comme une «farce» par les États-Unis.

«Cette suspension n'est pas une fin en soi», a estimé Mike Pompeo dans son discours, accusant les autorités vénézuéliennes de «démanteler la démocratie». «Mais elle montrerait que l'OEA met ses actes en cohérence avec ses paroles, et enverrait un message puissant au régime Maduro: seules de vraies élections permettront à votre gouvernement d'être intégré à la communauté des nations.»

Un projet de résolution présenté lundi par les États-Unis ainsi que le Canada, le Mexique, le Brésil, le Chili, l'Argentine et le Pérou demande aussi aux membres de l'organisation de ne pas reconnaître les résultats de l'élection au Venezuela, jugée «anticonstitutionnelle».

Ces sept pays, parmi les plus importants de l'institution, l'exhortent à mettre en oeuvre «les mécanismes pour la sauvegarde et la défense de la démocratie représentative», «conformément à la lettre et à l'esprit de la Charte démocratique interaméricaine». Il s'agit donc de lancer la première étape du processus de suspension.

Selon l'article 21 de cette charte, une assemblée générale extraordinaire des 35 États membres de l'OAE peut en suspendre un pays.

Mike Pompeo a également appelé davantage de pays latino-américains à rejoindre la campagne américaine de sanctions économiques et diplomatiques contre Caracas.

Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Jorge Arreaza, présent à la rencontre continentale à Washington, a répondu que la situation politique interne à son pays avait été mise à l'agenda d'une rencontre internationale «de manière fallacieuse».

«Nous devons avoir un continent sans dictatures», a lancé pour sa part le secrétaire général de l'OAE, Luis Almagro, très critique à l'égard de Nicolas Maduro.