L'armée du Nicaragua a pris ses distances samedi avec le président Daniel Ortega et a affirmé «qu'elle ne réprimera» pas les personnes manifestant contre le gouvernement, a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'armée.

«Nous n'avons pas à réprimer» les gens qui manifestent, car «nous croyons que le dialogue est la solution» pour résoudre la crise actuelle, a déclaré le porte-parole de l'armée, le colonel Manuel Guevara, faisant allusion aux manifestations antigouvernementales qui, depuis plus de trois semaines, ont fait 51 morts et plus de 400 blessés, selon le Centre nicaraguayen des droits de l'Homme (Cenidh).

Le porte-parole de l'armée a affirmé que cette prise de position est conforme aux objectifs fixés par la constitution, c'est-à-dire «protéger les objectifs vitaux pour le fonctionnement du pays».

«Nous réfutons les informations manipulées qui veulent nous faire apparaître comme des personnes réprimant», a-t-il ajouté.

Samedi, de nouvelles manifestations - donnant lieu à des affrontements avec les forces de l'ordre - se sont déroulées à travers le pays, s'étendant désormais à au moins huit départements.

À Managua, des centaines d'étudiants ont manifesté pour demander justice pour les personnes tuées lors des manifestations.

Depuis plus de trois semaines, des milliers de personnes manifestent à travers le pays contre le manque de libertés individuelles et la confiscation du pouvoir par le président Ortega, au pouvoir de 1979 à 1990 puis depuis 2007.

Les protestations ont été provoquées par une réforme des retraites (depuis abandonnée) avant de se transformer en un mouvement plus large d'exaspération.

Le chef de l'État, leader de la révolution sandiniste en 1979, a cependant fait un premier pas vers l'apaisement vendredi soir, en acceptant les deux conditions «préalables» à tout dialogue, posées par la Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN), qui joue le rôle de médiateur.

La CEN a demandé la fin de la répression des manifestations et que la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH) soit autorisée à enquêter sur les circonstances des décès.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a demandé vendredi aux autorités du Nicaragua de lui donner accès au pays afin d'enquêter sur les morts et les violences commises ces dernières semaines.