Une exposition de 44 photographies sur la vie à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, organisée par l'AFP, a été inaugurée vendredi dans la ville mexicaine de Ciudad Juarez, frontalière avec El Paso, au Texas.

Ces images font partie d'un projet réalisé en 2017 par trois photojournalistes de l'AFP, qui ont parcouru en 10 jours une partie des près de 3200 kilomètres de frontière que se partagent les deux pays.

Une dizaine de photographies en grand format ont d'ailleurs été exposées directement sur le mur frontalier, le reste étant disposé sur le pont piétonnier de Paso del Norte, qui relie le Mexique aux États-Unis.

L'Américain Jim Watson, basé à Washington, est allé de Californie jusqu'au Texas. Le Mexicain Guillermo Arias, correspondant de l'AFP à Tijuana et le Salvadorien Yuri Cortez, chef de la photographie au bureau AFP de Mexico, ont pris des clichés côté mexicain.

Le projet est né peu après l'arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump, qui exige que les Mexicains paient la construction d'un nouveau mur pour bloquer l'afflux de migrants dans son pays.

« On avait tant parlé de la frontière et du mur [existant, NDLR] mais très peu de gens le connaissaient », a expliqué Yuri Cortez à la presse avant l'inauguration.

L'objectif était donc de faire le portrait de ceux qui, chaque jour, vivent et travaillent dans cette zone. On voit ainsi des images d'enfants jouant à quelques mètres seulement de la frontière, mais aussi les vestiges de ceux ayant franchi le mur.

« On peut voir les feux de camp à l'endroit où [les migrants] ont passé la nuit, les habits et les chaussures. Aussi, beaucoup de croix et d'autels qui montrent que quelqu'un a perdu la vie » en tentant cette traversée risquée, raconte Yuri Cortez.

Pour Jim Watson, l'idée était de montrer qu'« il n'y a pas vraiment de raisons d'avoir des murs aussi grands » entre les deux pays.

« Cela a été un long projet qui enfin est une réalité, c'est un rêve pour beaucoup d'entre nous », a commenté Sylvain Estibal, directeur de l'AFP à Mexico.

L'exposition se tient alors que la tension reste forte entre le Mexique et les États-Unis, avec comme dernier épisode en date la traversée du Mexique par une caravane de migrants d'Amérique centrale fuyant la violence, 228 franchissant la frontière américaine pour demander asile, ce qui a suscité la colère de Donald Trump.

Ces photos « nous envoient le message qu'il y a une cohabitation entre ceux qui vivent dans une région comme celle-là, il y a des familles entières qui vivent d'un côté et de l'autre », a souligné le maire de Ciudad Juarez, Héctor Armando Cabada.

Au final, « ces murs ne séparent pas, la seule chose qu'ils font, c'est unir ».