Le Pérou va demander aux États-Unis d'extrader l'ex-président Alejandro Toledo (2001-2006), accusé d'avoir perçu 20 millions de dollars de pots-de-vin, selon une décision de la Cour suprême adoptée mardi.

La requête, formulée par un juge le 19 février, a été approuvée à l'unanimité par les magistrats de la Cour suprême, a indiqué une source judiciaire à l'AFP sous couvert d'anonymat.

«Oui, [la demande] a été approuvée par la Cour suprême. La décision doit être publiée à la mi-journée (13h heure du Québec)», a déclaré cette source.

La sollicitude doit désormais être ratifiée en Conseil des ministres avant d'être transmise à Washington, un processus qui devrait prendre quelques semaines.

Agé de 71 ans, l'ancien président Alejandro Toledo, soupçonné d'avoir perçu 20 millions de dollars de la part du géant brésilien du BTP Odebrecht, selon les déclarations du propre groupe de construction, est accusé de «trafic d'influence, d'association de malfaiteurs et blanchiment d'argent».

Le parquet se fonde sur les confessions du représentant de l'époque d'Odebrecht au Pérou, Jorge Barata, qui a conclu un accord avec la justice péruvienne : selon lui, la somme, versée en plusieurs fois, avait transité sur un compte bancaire offshore d'un ami de M. Toledo.

Le dessous-de-table du géant du BTP brésilien visait à remporter l'appel d'offres pour la construction d'un axe routier majeur reliant le Pérou au Brésil.

Trois autres chefs d'État péruviens ont été éclaboussés par le scandale Odebrecht, dont l'actuel président Pedro Pablo Kuczynski qui pourrait être visé dans les prochaines semaines par une nouvelle procédure de destitution au Parlement, après y avoir sauvé sa tête de justesse une première fois en décembre.

Peu avant que la décision ne soit connue mardi, un des avocats de M. Toledo, Heriberto Benitez, a déclaré que son client était «victime d'une persécution politique» mise en place par M. Kuczynski, qui fut son ministre de l'Économie.

Me Benitez s'est néanmoins dit confiant dans le fait que cette demande serait rejetée par les États-Unis.

Alejandro Toledo, ancien cireur de chaussures de rues issu de la misère andine, fut le premier président indien (quechua).

M. Toledo se définit lui-même comme une «erreur statistique», pour avoir eu la chance d'avoir une bourse d'études, tremplin vers des études universitaires à San Francisco, puis un doctorat d'économie à Stanford avant de travailler à la Banque Mondiale.