Une série d'attaques à l'explosif contre des policiers, attribuées au narcotrafiquants, ont fait ce week-end sept morts et des dizaines de blessés dans le nord de la Colombie, ainsi que 28 blessés légers en Équateur.

Trois attentats en 24 heures ont pris pour cible des commissariats en Colombie.

Dans la nuit de samedi à dimanche, peu avant minuit, un engin a explosé dans un petit poste de commandement de la municipalité de Santa Rosa, dans le département de Bolivar.

Deux policiers ont été tués et un blessé, a annoncé la police dans un communiqué, sans précision sur les possibles auteurs de l'attaque.

Une autre attaque à l'explosif dimanche contre un commissariat de la municipalité de Barranquilla a blessé quatre policiers et un civil. Selon une source policière, les victimes sont hors de danger, et l'enquête cherche à établir si l'engin explosif a été lancé ou actionné à distance.

C'est dans un commissariat de cette même ville qu'une bombe avait tué, la veille, cinq policiers et blessé 41, dont cinq se trouvent dans un état critique, selon une source policière.

Cet attentat est l'un des pires commis ces dernières années contre la force publique dans une grande ville de la Colombie, où le gouvernement tente de mettre définitivement fin à un demi-siècle de conflit armé financé en grande partie par le trafic de drogue.

«Nous n'avons pas le moindre doute qu'il s'agit de représailles après des opérations fructueuses menées récemment par la police contre le trafic de drogue, et pas seulement à Barranquilla», ville de 1,3 million d'habitants, a déclaré son maire Alejandro Char.

La bombe a été déposée par plusieurs hommes et activée à distance, a déclaré le commandant de la police locale, le général Mariano Botero.

Un des assaillants présumés, un homme de 31 ans, a été interpellé, a indiqué le procureur général Nestor Martinez.

«Nous allons mettre cet individu en accusation pour cinq meurtres aggravés (...), homicides et tentatives d'homicide, terrorisme et usage d'explosifs», a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.

Le président Juan Manuel Santos, qui s'est rendu au chevet des blessés, a condamné «cet attentat lâche et fourbe qui ne restera pas impuni».

Il a annoncé l'envoi dans les prochains jours de 1500 policiers en renfort à Barranquilla, qui accueillera bientôt un Carnaval.

Le directeur général de la police colombienne, le général Jorge Nieto, s'est également rendu sur place pour exprimer son soutien aux blessés et aux familles, et annoncé une récompense de 50 millions de pesos (22 000 $ CAN) pour toute information sur cet l'attentat.

Voiture piégée en Équateur 

L'attentat a été unanimement condamné, notamment par le chef et candidat de la FARC au scrutin présidentiel, Rodrigo Londono dit «Timochenko».

«Nous rejetons catégoriquement l'attaque perpétrée contre le commissariat de police à Barranquilla. Tout notre soutien aux proches des policiers défunts et aux habitants touchés», a déclaré le leader du parti issu de la plus ancienne guérilla colombienne, les Forces armées révolutionnaires de Colombie.

L'ONU a également condamné «vigoureusement» l'attaque, estimant qu'il «s'agissait d'un acte criminel méprisable, en contradiction avec les efforts et les avancées du pays dans sa lutte contre la violence».

En un demi-siècle, le conflit armé impliquant des guérillas, des paramilitaires, des forces gouvernementales et des trafiquants de drogue, a fait au moins 260 000 morts, plus de 60 000 disparus et 7,4 millions de déplacés.

L'attentat à la bombe contre le commissariat de Barranquilla s'est produit quelques heures après un attentat à la voiture piégée visant une caserne de police en Équateur.

L'explosion a fait 28 blessés légers - policiers et civils - et détruit «à 95%» une caserne de San Lorenzo, une ville de 56 000 habitants proche de la frontière colombienne, selon le ministère de l'Intérieur.

Pour le président Lenin Moreno, il s'agit d'un «acte terroriste lié aux narcotrafiquants».

La Colombie est le principal producteur et exportateur de cocaïne au monde. Le pays a produit 866 tonnes de cette drogue en 2016, selon les Nations unies.

L'Équateur est considéré comme un pays de transit pour la cocaïne colombienne.