Navires et avions d'une coalition internationale continuaient lundi les opérations de recherche pour localiser le sous-marin militaire argentin San Juan et ses 44 marins, dont on est sans nouvelles depuis 12 jours.

«Malheureusement, nous n'avons toujours pas localisé ou détecté le sous-marin», a déclaré le porte-parole de la Marine, Enrique Balbi.

Les opérations se concentrent dans une zone de 36 km de rayon autour du point de l'explosion qui a probablement envoyé le submersible par le fond.

Le porte-parole a précisé que le navire russe Yantar, équipé d'un véhicule sous-marin capable de descendre à 6000 mètres de profondeur, arriverait sur les lieux le 5 décembre.

Processus difficile

Le submersible étant conçu pour ne pas être remarqué, «la détection d'un sous-marin est un processus très difficile, de nombreux facteurs, notamment climatiques, entrent en jeu», confie Adam Slavinsky, pilote d'un avion P8 Poseidon américain spécialisé dans la traque des sous-marins, au retour d'une mission au-dessus de l'Atlantique.

«Nous n'avons pas de date butoir, nous voulons continuer d'aider autant que nous le pourrons, et nous voulons rester ici aussi longtemps que nous pourrons contribuer aux recherches», a-t-il ajouté.

Depuis la base militaire argentine de Bahia Blanca, deux P8 Poseidon de l'US Navy alternent avec trois équipages.

Équipés de radars et de scanneurs, ils larguent des bouées équipées de capteurs pour tenter de détecter en profondeur le submersible, a constaté un journaliste de l'AFPTV qui a pris part à une mission.

À bord de l'avion, des militaires américains scrutent des écrans de contrôle à l'affût d'un indice qui pourrait les mettre sur la piste du San Juan.

Les fonds sont «très irréguliers, avec des failles», note Carlos Zavalla, un ancien commandant du sous-marin.

Au total, 15 pays participent aux recherches, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, la France, le Brésil ou l'Uruguay.

Le San Juan a cessé de communiquer avec sa base le mercredi 15 novembre à 7h30. La dernière position communiquée, mercredi à 00h30, le situait à 400 km des côtes argentines.

À cet endroit les fonds océaniques vont de 300 à 1000 mètres.

Mercredi à 11h30, une explosion sous-marine a retenti et a été enregistrée à proximité de la dernière position donnée par le San Juan.

Le lien de cause à effet n'a pas été établi officiellement, mais c'est probablement cette explosion qui a envoyé par le fond le submersible argentin.

«Les recherches vont prendre du temps», avertit l'expert en questions militaires Rosendo Fraga.

«Technologie suffisante»

«Il n'y a pas d'antécédent dans l'histoire d'un déploiement de cette ampleur. Les États-Unis et la Russie sont les pays les plus développés dans le domaine, héritage de la Guerre froide», fait remarquer l'ingénieur naval Horacio Tettamanti, un des principaux experts argentins.

«Aujourd'hui, on dispose de la technologie suffisante pour retrouver un sous-marin au fond», estime M. Tettamanti pour qui il ne fait aucun doute que le submersible est entier. L'explosion peut avoir endommagé l'intérieur, mais pas la structure «extrêmement résistante».

Depuis le port de Comodoro Rivadavia, un navire avec à son bord un véhicule sous-marin de secours a appareillé dimanche pour la zone des recherches, selon une journaliste de l'AFP sur place. Ce véhicule pourra être envoyé au fond pour remonter les membres d'équipage, une fois le San Juan localisé.

Trois sous-mariniers ont miraculeusement échappé à la tragédie. Deux avaient quitté le San Juan lors de sa dernière escale à Ushuaïa, l'un pour se rendre au chevet de sa mère, malade, l'autre pour se rendre au Pérou pour une mission de travail. Un troisième avait été exempté de mission au dernier moment pour effectuer des démarches administratives.

En crise de financement après les années fastes de la dictature (1976-1983) l'armée argentine est sous-équipée et la perte du San Juan porte un coup à la capacité opérationnelle de sa Marine. D'autant que le San Juan était le fleuron de l'armée argentine dont les équipements sont généralement obsolètes.