Dix jours après le dernier signe de vie émis par le sous-marin argentin San Juan, les recherches restaient vaines malgré de gros moyens déployés pour retrouver le submersible et et ses 44 membres d'équipage.

En cette fin de semaine, l'information la plus inattendue concerne trois sous-mariniers qui ont miraculeusement échappé à la tragédie.

Humberto Vilte a eu la vie sauve grâce à sa mère, malade. Pour se rendre à son chevet, dans la province de Jujuy, dans le nord de l'Argentine, il a obtenu une permission. Après la première partie de la mission, il a quitté le San Juan à Ushuaia.

Un technicien en communication a dû descendre du San Juan à Ushuaia pour se rendre au Pérou pour une mission de travail.

Un troisième, Adrian Rothlisberger, a été exempté de mission sur le San Juan alors qu'il s'apprêtait à embarquer, car il devait finaliser l'achat de sa maison, procédure généralement longue et compliquée en Argentine.

Pas d'indices

«Nous pourrions nous réjouir, car c'est un miracle, mais nous nous mettons à la place des autres familles, nous savons qu'il aurait pu être un des 44», a confié la mère d'Adrian Rothlisberger, Sandra Álvarez.

Officiellement, la Marine se refuse à déclarer qu'il n'y a plus aucune chance de retrouver des survivants. Mais les experts et les familles ont perdu tout espoir depuis qu'elle a annoncé jeudi qu'une explosion était survenue dans le périmètre où se trouvait le sous-marin.

«Nous sommes focalisés sur la détection du sous-marin. Nous n'avons pas d'indice, malgré tous les efforts», regrette le porte-parole de la marine, Enrique Balbi.

Les recherches se déroulent dans une zone de l'Atlantique sud, autour de la position estimée de l'explosion, à 400 km des côtes argentines. Treize pays au total y participent.

Avec des sondes, des sonars et des radars, sept navires passent au peigne fin les fonds océaniques allant de 200 mètres à l'ouest à 1000 mètres à l'est, a précisé samedi le porte-parole de la Marine argentine, le capitaine Enrique Balbi.

Dans les profondeurs

Au-delà de 600 mètres, le TR-1700 à propulsion diesel et électrique, de fabrication allemande, se disloquerait sous la pression, selon les experts.

«Pour l'instant, nous n'avons rien trouvé à la surface, ni sous l'eau. Nous écartons l'hypothèse qu'il soit à la surface, du fait des efforts de recherche déployés», a déclaré le capitaine Balbi.

Faisant fi de l'avis des experts, qui estiment qu'il n'y aura pas de survivants, les militaires américains espèrent encore sauver des vies.

Dans le port de Comodoro Rivadavia, ils ont aménagé un navire de la compagnie pétrolière Total pour pouvoir y loger un submersible télécommandé qui peut descendre à 600 mètres de profondeur. Il pourrait entrer en action en début de semaine.

La Russie a mobilisé pour sa part un sous-marin encore plus sophistiqué, capable de plonger à 6000 mètres pour participer aux recherches et à une éventuelle opération de secours. Il sera opérationnel à partir de début décembre.

«La meilleure technologie du monde a été mobilisée pour les recherches», selon l'expert naval Horacio Tettati.

Devant la base navale de Mar del Plata, des habitants de la ville portuaire sont venus prier pour témoigner leur soutien aux familles, aux 44. La veille, une centaine de fidèles avaient organisé une procession religieuse vers la base.

Lourde perte

La plupart des familles hébergées sur place depuis l'annonce de la disparition ont quitté la base de Mar del Plata. Quelques-unes, originaires de provinces éloignées, attendaient dans la base la localisation du submersible.

«Nous resterons ici jusqu'au bout», témoigne Zulma Sandoval, la mère de Celso Vallejo.  «Nous allons continuer d'attendre avec beaucoup de foi», dit son père Oscar Vallejo, un ancien combattant de la Guerre des Malouines.

Le président argentin Mauricio Macri a exigé vendredi «une enquête sérieuse, approfondie, qui permette d'avoir des certitudes» sur le sort du San Juan et d'élucider l'explosion.

Il faut déterminer, a-t-il ajouté, «comment un sous-marin qui (...) était en parfaite condition pour naviguer a été visiblement victime d'une explosion».

La juge Marta Yáñez a ouvert une enquête avec comme «objectif de déterminer les causes de l'explosion».

Le San Juan est porté disparu depuis le mercredi 15 novembre à 7 h 30 (5 h 30, heure de l'Est). Il n'a pas activé ses balises de détresse.

Avant la rupture des communications, le commandant du submersible avait signalé un problème au niveau des batteries, une avarie qui, selon lui, n'était pas un obstacle à la poursuite de la navigation vers sa base.

La perte du San Juan porte un coup à la capacité opérationnelle de la Marine argentine. Entre 2008 et 2014, le pays avait investi 20 millions de dollars dans la modernisation du submersible, qui constituait le joyau de l'armée argentine dont les équipements sont généralement obsolètes, faute de financements.