Le président argentin Mauricio Macri a exigé vendredi «une enquête approfondie» pour connaître «la vérité» sur le sous-marin San Juan, qui a disparu à la suite d'une explosion avec les 44 membres de son équipage, dont la mort semble désormais quasi-certaine.

Dix jours après la disparition du submersible, la Marine a informé qu'un sous-marinier a miraculeusement échappé au drame. Avant le retour à la base, un technicien en communication a dû descendre du San Juan à Ushuaia pour une mission à Buenos Aires, avant de se rendre au Pérou.

«Ce qui s'est passé va requérir une enquête sérieuse, approfondie, qui permette d'avoir des certitudes», afin de savoir «comment un sous-marin qui (...) était en parfaite condition pour naviguer a été visiblement victime d'une explosion», a déclaré le chef de l'État dans une brève allocution au siège de la Marine argentine.

Le San Juan est porté disparu depuis le mercredi 15 novembre à 7 h 30 (5 h 30, heure de l'Est). Il n'a pas activé ses balises de détresse.

La Marine se refuse à déclarer officiellement qu'il n'y a plus aucune chance de retrouver des survivants, mais les experts du monde sous-marin sont résignés.

Dans la zone où a été enregistrée l'explosion, à 400 km des côtes argentines, les fonds océaniques vont de 200 à 1000 mètres, a précisé vendredi le porte-parole de la Marine argentine. Au-delà de 600 mètres, le San Juan se disloquerait sous la pression.

Les recherches se concentraient vendredi dans une zone plus restreinte de l'Atlantique sud pour tenter de localiser le submersible militaire.

Pour une meilleure répartition du travail entre les navires, «la zone de recherche a été divisée en blocs de 10 milles marins (20 km) sur 10», a indiqué le capitaine Enrique Balbi, assurant qu'aucun pays n'avait annoncé son retrait du dispositif.

Un navire et un avion russes devaient renforcer le dispositif ce week-end.

«Des certitudes»

«Nous n'avons pas encore pu détecter le sous-marin», admet le porte-parole de la Marine.

Le président Macri a cherché à calmer les polémiques montantes sur l'état du bâtiment et les moyens de l'armée argentine.

«Je suis là pour vous garantir que nous allons poursuivre les recherches, surtout maintenant que nous pouvons compter sur le soutien de toute la communauté internationale, avec toutes les avancées technologiques disponibles. Cela devrait nous permettre de trouver le submersible dans les prochains jours».

«Jusqu'à ce que nous n'ayons pas toutes les informations, nous ne devons pas nous aventurer à chercher des coupables. Avant cela, nous devons obtenir des certitudes sur ce qui s'est passé et comment cela s'est passé».

Pour les proches, le deuil a commencé jeudi, quand la Marine leur a annoncé qu'une explosion était survenue dans le périmètre où se trouvait le sous-marin.

Brenda Salva, une amie du sous-marinier Damian Tagliapietra, raconte que le chef de la base navale lui a dit: «Ils sont tous morts».

«Je veux dire à l'amiral Marcelo Srur (le chef de la Marine argentine) que c'est un incapable, et au président (Macri) qu'il mette de l'ordre», s'est emportée Maria Rosa Belcastro, mère du lieutenant Fernando Villarreal, 38 ans.

Purge dans la Marine ?

«Un effort national et international de grande ampleur» a été déployé, souligne la marine argentine: plus de 4000 personnes, quatorze navires, dix avions, avec l'aide des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, du Brésil et du Chili.

Le submersible, un TR-1700 à propulsion diesel et électrique, de fabrication allemande et construit il y a 34 ans, dispose à son bord de «500 tonnes de batteries au plomb et à l'acide, qui libèrent de l'hydrogène s'il y a surcharge des batteries, et l'hydrogène explose au contact de l'oxygène», selon Gustavo Mauvecin, directeur du Centre de médecine hyperbare de Mar del Plata.

Avant la rupture des communications, le commandant du submersible avait signalé un problème au niveau des batteries, une avarie qui, selon lui, n'était pas un obstacle à la poursuite de la navigation vers sa base.

Anticipant une éventuelle localisation du submersible, deux navires ont appareillé mardi du port de Comodoro Rivadavia, en Patagonie argentine, avec un détachement de l'US Navy équipé de matériel de sauvetage.

La Russie a annoncé l'envoi d'un navire océanographique disposant d'équipements permettant d'«effectuer des recherches à une profondeur allant jusqu'à 6000 mètres» grâce notamment à deux sous-marins miniatures.

Les critiques ont fusé sur l'état du sous-marin, mais la Marine a répondu qu'«aucune unité n'appareillait si elle n'était pas en capacité de naviguer en toute sécurité».

Vendredi, la presse argentine annonçait que le gouvernement préparait une purge au sein de la Marine, afin de sanctionner des dysfonctionnements, avançant que le ministre de la Défense avait été informé avec cinq jours de retard d'une avarie dans les batteries à bord du sous-marin.