L'ONU a exprimé lundi sa «préoccupation» au sujet d'un projet de loi qui menace le droit à l'avortement au Brésil, où l'accès légal à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est déjà très limité.

Ce projet de loi «représente un risque accru pour la santé des femmes», a affirmé la représentation brésilienne de l'ONU dans un communiqué.

Au Brésil, l'avortement n'est autorisé qu'en cas de viol, risques pour la mère, ou si le foetus a développé une anencéphalie, malformation congénitale du système nerveux.

Le projet de loi, approuvé il y a deux semaines par une commission parlementaire, est considéré comme un «cheval de Troie» par les militants pro-avortement.

Son objectif initial est de prolonger le congé maternité de mères de bébés prématurés, mais des députés ultra-conservateurs liés à des églises évangéliques ont inséré un article stipulant que le droit à la vie est «inviolable dès la conception», ce qui pourrait exclure tous les cas de figure autorisant actuellement l'IVG.

Le texte, dans sa version actuelle, «retire aux femmes la possibilité de prendre des décisions par rapport à des faits qui impliquent de graves violations de leurs droits les plus fondamentaux (...), pénalisant doublement les victimes de violence sexuelle ou les femmes en situation de vulnérabilité», critique l'ONU.

L'organisation internationale dénonce un «retour en arrière», qui «éloigne le Brésil de ses engagements internationaux» en termes de droits de la femme et rappelle que les avortements clandestins sont «une des principales causes de décès de mères au Brésil et dans le monde».

Le projet de loi est en cours d'examen au Parlement, mais il doit encore passer par toute une série d'étapes pour être définitivement adopté.

Il doit être discuté une nouvelle fois en commission, avant d'être soumis au vote en séance plénière, où 308 voix sont nécessaires pour son adoption, les 3/5e de la Chambre des députés.

Lundi dernier, des manifestations contre ce projet de loi ont eu lieu dans de grandes villes du Brésil, mobilisant notamment plusieurs centaines de personnes à Rio de Janeiro.