Le gouvernement vénézuélien de Nicolas Maduro a suspendu le signal de deux des principales chaînes de télévision colombiennes, RCN et Caracol, ont indiqué jeudi ces deux médias.

«Notre signal international a été suspendu jeudi par tous les câblo-opérateurs vénézuéliens», a indiqué RCN sur son site internet.

«Nous regrettons profondément cette décision du gouvernement du Venezuela. (...) Ils nous ont exclus des deux câblo-opérateurs» du pays, avait indiqué quelques heures auparavant le directeur de l'information de Caracol, Juan Roberto Vargas.

Le président socialiste Nicolas Maduro, confronté à une violente vague de contestation depuis cinq mois, avait dénoncé ces derniers jours une «campagne terrible» contre son gouvernement, accusant directement les médias colombiens comme Caracol et les journaux El Tiempo et El Espectador.

Selon Caracol, la décision de la priver d'antenne a été prise par l'autorité des télécommunications du Venezuela, qui avait déjà décidé en février de couper le signal de CNN en espagnol, puis, deux mois plus tard, des chaînes colombiennes El Tiempo et argentine Todo Noticias.

«Caracol a toujours mené son travail de façon objective, nous suivons depuis toujours les principes que nous considérons comme fondamentaux, c'est-à-dire offrir un journalisme avec du contexte et écouter tous les points de vue, c'est que nous avons essayé de faire au Venezuela», a plaidé jeudi M. Vargas.

Le président colombien Juan Manuel Santos a «profondément» regretté cette mesure.

«C'est une preuve supplémentaire que ce régime n'aime pas les libertés, c'est un régime qui restreint les libertés de ses citoyens», a-t-il souligné.

M. Santos, qui a été journaliste avant de se lancer en politique en 1991, a de nouveau comparé le gouvernement Maduro à une dictature.

Selon lui, «c'est un régime qui s'est éloigné du système démocratique et qui, de plus en plus, se conduit comme une dictature».

Les relations entre la Colombie et le Venezuela, deux pays voisins, sont très tendues depuis le début de la crise politique à Caracas.

Elles le sont encore plus depuis la décision du président Santos d'offrir l'asile en Colombie à l'ex-procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega.

Devenue l'une des principales opposantes à Maduro, elle a fui son pays pour chercher refuge en Colombie où elle est arrivée vendredi, avant de se rendre mercredi à Brasilia où elle a accusé ouvertement le chef de l'État vénézuélien de corruption.

La Colombie et le Venezuela partagent une frontière poreuse de 2200 kilomètres. En 2015 et 2016, la tension était déjà montée après la décision du président Maduro de fermer cette frontière pour lutter contre la contrebande et le trafic de drogue.