L'ex-président de gauche Lula a annoncé jeudi être toujours «dans le jeu» et vouloir se présenter à la présidentielle au Brésil en 2018, malgré sa condamnation à près de dix ans de prison qui assombrit ses perspectives de retour au pouvoir.

Se montrant combatif dans sa première réaction à la condamnation choc mercredi à neuf ans et demi de prison pour corruption et blanchiment d'argent, l'ancien chef de l'État a dénoncé ceux qui «jettent les droits démocratiques à la poubelle».

Luiz Inacio Lula da Silva, qui va contester en appel sa condamnation, a dénoncé un «État de quasi exception» au Brésil, lors d'une conférence de presse à Sao Paulo. Il a confirmé son ambition présidentielle pour le scrutin de la fin 2018.

«Si quelqu'un veut me sortir du jeu avec cette sentence, il doit savoir que je reste dans le jeu», a lancé Lula, vêtu du polo rouge du Parti des travailleurs (PT), qu'il a fondé dans les années 1980.

«A partir de maintenant, je vais revendiquer auprès du PT le droit d'être candidat» à la présidentielle, a-t-il lancé sous les applaudissements de ses partisans.

Lula, icône de la gauche latino-américaine qui a contribué à rehausser la stature internationale du Brésil lors de ses deux mandats (2003-2010), restera en liberté en attendant le jugement en appel.

S'il perd, il ira en prison et ne pourra pas se présenter à la présidentielle prévue en octobre 2018 pour laquelle il est en tête des intentions de vote.

«Cette chasse à l'homme s'inscrit dans le cadre d'une lutte politique», a poursuivi Lula, se montrant pugnace et parlant de lui à la 3e personne. «À bientôt 72 ans, Lula est bien décidé à se battre avec la même énergie que lorsqu'il en avait 30».

«C'est moi qui ai le plus d'expérience, je prends des vitamines le matin, je fais de la gymnastique», a-t-il ironisé.

Sa condamnation est venue du bureau de Sergio Moro, juge emblématique de l'opération «Lavage-Express» qui a déjà mis sous les verrous des dizaines d'hommes politiques de tous bords impliqués dans le méga-scandale de corruption autour du groupe publique Petrobras.

Projet politique 

«La responsabilité d'un président de la République est énorme et, par conséquent, sa culpabilité aussi», avait insisté mercredi le juge dans sa sentence.

Jeudi, Lula lui a répondu : «Ce n'est pas Lula qu'ils prétendent condamner, c'est le projet politique que je représente avec des millions de Brésiliens».

Mercredi, ses avocats avaient rapidement annoncé qu'ils feraient «appel et prouver(aient) son innocence devant toutes les cours impartiales, y compris aux Nations unies».

Ancien ouvrier métallurgiste, Lula avait atteint des niveaux de popularité record quand il a quitté le pouvoir, notamment grâce à d'ambitieux programmes sociaux qui ont permis à 30 millions de Brésiliens de sortir de la misère.

Mais ce tribun charismatique ayant connu la faim a fini par être rattrapé par la persévérance du juge Moro, qui a fait du cas Lula l'un de ses grands combats.

L'ex-président a été entre autres accusé d'avoir reçu des pots-de-vin pour un appartement triplex et des travaux de rénovation dans une station balnéaire de la part du groupe de construction OAS.

Il aurait bénéficié au total de largesses à hauteur de 3,7 millions de réais (1,53 million $ CAN) pour intercéder en faveur de cette société dans l'obtention de contrats publics de Petrobras.

L'ex-chef de l'État, qui est visé par quatre autres procédures judiciaires, a toujours nié les accusations dont il fait l'objet.

La tourmente traversée au même moment par le président Michel Temer pourrait bouleverser le calendrier électoral brésilien.

Jeudi, les 66 membres de la commission de la Constitution et de la Justice (CCJ) devaient se prononcer en soirée sur le bien-fondé d'un procès ou non du président en exercice, pour corruption passive.

Lundi le rapporteur avait émis un avis favorable à l'ouverture d'une procédure qui coûterait son mandat à Michel Temer et rebattrait totalement les cartes.