Un procureur péruvien a requis la détention provisoire de l'ancien président Ollanta Humala et de son épouse Nadine Heredia, pour des accusations de financement illégal de sa campagne de 2011 par l'entreprise brésilienne Odebrecht, a-t-on appris mardi auprès de la justice.

Le procureur German Juarez a demandé au pouvoir judiciaire le placement en détention provisoire de l'ex-président Humala et de son épouse, en raison des versements irréguliers, pour trois millions de dollars, d'Odebrecht pour la campagne 2011», a indiqué à l'AFP une source au sein du parquet, sous couvert d'anonymat.

Le ministère public a confirmé l'information sur son compte Twitter, précisant que l'audience sur cette demande «aura lieu demain (mercredi) à 10h00».

L'ancien dirigeant de gauche, à la tête du pays sud-américain de 2011 à 2016, est accusé, ainsi que son épouse (qui dirigeait le Parti nationaliste, la formation de M. Humala), de blanchiment d'argent et association de malfaiteurs.

La requête de détention provisoire se fonde notamment sur le témoignage de l'ancien patron d'Odebrecht, Marcelo Odebrecht.

Ce dernier, actuellement en prison au Brésil dans le cadre de l'enquête sur le vaste scandale de corruption autour du groupe pétrolier Petrobras, a affirmé avoir versé trois millions de dollars pour financer la campagne de M. Humala.

Selon la presse, d'autres témoignages ainsi que des preuves de versements illicites d'argent au couple auraient été ajoutés au dossier.

L'avocat de M. Humala, Julio Espinoza, s'est dit surpris de la requête du procureur «car l'ex-président et sa femme se sont rendus à toutes les convocations et les contrôles du parquet».

«Nous espérons une décision impartiale» à ce sujet, a-t-il dit à la télévision Canal N.

Odebrecht dit avoir versé 29 millions de dollars au Pérou pour obtenir des chantiers publics entre 2005-2014, pendant les mandats des présidents Alejandro Toledo, Alan Garcia et Ollanta Humala. Ce dernier a nié à de nombreuses reprises avoir reçu un tel financement illégal pour sa campagne.

M. Toledo est lui visé par un ordre d'extradition depuis les États-Unis, accusé d'avoir reçu 20 millions de dollars du groupe brésilien.