La Cour suprême du Venezuela a autorisé l'ouverture de poursuites contre la procureure générale de la Nation, Luisa Ortega, seule voix discordante au sein du camp du président Nicolas Maduro, confronté à une vague de manifestations.

La salle plénière du Tribunal suprême de justice (TSJ) «a admis la requête de poursuites» déposée par le député Pedro Carreño, du parti socialiste au pouvoir, pour «la commission supposée de fautes graves dans l'exercice de sa fonctions», a annoncé la Cour.

En quelques semaines, Mme Ortega s'est affirmée comme une grande voix critique au sein du camp chaviste (du nom de Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013).

Auparavant considérée comme une alliée des chavistes, elle est désormais pour eux une «traîtresse», après avoir multiplié les interventions contre le projet d'assemblée constituante du chef de l'État, confronté à une vague de manifestations exigeant son départ et ayant fait 74 morts depuis début avril.

Mais elle a face à elle deux institutions de poids: la Cour suprême (TSJ), accusée par l'opposition de servir les intérêts du président, et l'armée, qui affiche son soutien «inconditionnel» à M. Maduro.

La première prise de parole critique de la procureure remonte au 31 mars, quand elle a dénoncé une «rupture de l'ordre constitutionnel» après la décision - finalement annulée 48 heures plus tard - du TSJ de s'arroger les pouvoirs du Parlement, contrôlé par l'opposition.

Depuis, elle a réclamé des poursuites contre huit magistrats du TSJ et l'annulation de la nomination de 33 juges de cette institution, contestant leur impartialité dans cette crise. Ces deux recours ont été rejetés par le TSJ.

Les analystes estiment que son action peut accentuer les divisions au sein du pouvoir chaviste, qui contrôle la quasi-totalité des institutions de ce pays en profonde crise économique.