Des milliers d'opposants au président vénézuélien Nicolas Maduro ont manifesté lundi à Caracas contre son projet d'assemblée constituante, dans le cadre d'une vague de protestations qui a déjà fait 73 morts en 80 jours.

Comme à chacun de ses rassemblements, le cortège de l'opposition a été bloqué par des militaires et policiers qui ont repoussé les manifestants avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau tirés depuis des véhicules anti-émeutes.

La foule espérait rejoindre le siège des autorités électorales, dans le centre de la capitale.

«Quand nous essayons d'arriver à un point stratégique, ils nous coupent les accès, mais nous devons continuer à essayer», a déclaré une manifestante, Ivone Santana.

Les adversaires de Nicolas Maduro, qui exigent son départ anticipé, critiquent son projet de réformer la Constitution, une manoeuvre selon eux pour s'accrocher au pouvoir. Le président a prévu de faire élire les membres de cette assemblée constituante le 30 juillet.

La mobilisation de lundi coïncide avec une réunion de ministres des Affaires étrangères de l'Organisation des États américains (OEA) à Cancun, consacrée notamment à la violente crise politique secouant le Venezuela.

«La défense de la démocratie est un principe essentiel», a lancé le secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro, lors d'une conférence de presse, rejetant toute accusation d'«interventionnisme» de la part du gouvernement de M. Maduro.

Rejet d'une  résolution

La ministre vénézuélienne des Affaires étrangères Delcy Rodriguez a quitté lundi une réunion portant sur la crise dans son pays au cours de laquelle une nouvelle proposition de résolution était en discussion.

Cette résolution devrait appeler le président Nicolas Maduro à revoir son projet de réforme de la Constitution, lui demander de garantir les droits de l'Homme et entamer un dialogue avec l'opposition avec l'aide de pays étrangers.

«Nous ne reconnaissons pas la réunion, ni la résolution qui en sortira», a déclaré Mme Rodriguez lors d'une brève conférence de presse à sa sortie de la salle.

La ministre, qui anticipe un rejet de cette résolution par les membres de cette organisation, devrait néanmoins participer plus tard dans la soirée à l'assemblée générale de l'OEA.

M. Almagro est l'un des plus farouches opposants au président vénézuélien, qu'il n'a pas hésité à qualifier de «dictateur».

En réaction, le Venezuela a lancé en avril le processus pour quitter l'OEA, ce qui prend deux ans.

«Nous avons une date limite, le 30 juillet, et le pays doit maintenir la pression dans la rue pour que le processus (d'assemblée constituante) ne se fasse pas», a déclaré à Caracas lors de la manifestation l'un des dirigeants de l'opposition, l'ex-candidat à la présidentielle Henrique Capriles.

Des heurts ont éclaté entre forces de l'ordre et manifestants, qui ont répliqué avec des pierres et des cocktails molotov aux gaz lacrymogènes, sur la principale autoroute de la ville et dans des quartiers proches.

Seule voix discordante au sein du camp présidentiel, la procureure générale de la Nation, Luisa Ortega, a déposé plusieurs recours, tous rejetés, contre le projet de réforme de la Constitution, qu'elle estime dangereux pour les droits de l'Homme et la démocratie.

Lundi matin, des centaines d'employés du ministère public ont manifesté leur soutien à la procureure générale.

Réunis non loin de là, des partisans de M. Maduro criaient «Assassins!» en direction de ces fonctionnaires.