De petits cercueils blancs sont arrivés à San Isidro. Entre larmes et cris, les habitants de ce village mexicain pleurent leurs proches, dont une majorité d'enfants, morts dans l'explosion d'un entrepôt de feux d'artifice dans la nuit de lundi à mardi.

Après avoir été déposés sous une vaste tente, un prêtre récite au micro des prières, près de fleurs et des bougies.

La veille encore, les villageois célébraient au son de la musique mariachi la fête prochaine de San Isidro prévue le 15 mai. De nombreux enfants s'égaillaient entre les modestes maisons de ce village du centre du pays, dans l'État de Puebla, lorsque l'explosion d'un entrepôt de feux d'artifice et son effondrement ont tué 14 habitants, dont 11 enfants.

«Cette petite fille reste avec moi parce que son père est mort», raconte Lucia Nanco, une femme de 51 ans, au côté de sa nièce, mutique.

Le fils de Lucia, Pablo Luna, âgé de 27 ans, fait également partie des trois adultes décédés dans l'explosion, vraisemblablement déclenchée par une fusée provenant de l'extérieur où se déroulait à cet instant une procession.

Le stock de feux d'artifice ne provenait pas d'une activité illégale, comme c'est parfois le cas au Mexique. Il se trouvait dans le local géré par le comité des fêtes du village.

Les gens «étaient ensemble, buvant un verre, (mangeant) un taco, et les enfants s'approchent, comme d'habitude, c'est une tradition culturelle», explique une habitante de 59 ans.

Au milieu des décombres de la structure et des murs en pierre effondrés, on distingue encore quelques vêtements, une chaussure d'enfant.

«Ici quand il y a une réunion, une fête sociale, les enfants sont libres et toujours en train de jouer. C'est une communauté isolée. (...) Ici les familles ont entre 6 et 10 enfants» explique Valentin Medel, maire de Chilchotla, ville dont dépend San Isidro.

L'explosion a fait également 22 blessés, dont trois dans un état critique, précise l'édile.

Nouvelle norme 

Après le drame de Puebla, le coordinateur national de la protection civile, Luis Felipe Puente, a réagi en annonçant une nouvelle norme pour réguler le stockage des feux d'artifices en possession des acheteurs.

«Nous allons devoir faire une étude sur les volumes de stockage» des habitants, a-t-il commenté en conférence de presse, précisant qu'il souhaitait la mise en place de cette mesure dans les dix jours.

Les accidents de ce type sont dus «à l'irresponsabilité dans le stockage ou le maniement» de ces produits, a dénoncé M. Puente dans la presse locale.

«Nous savons que la pyrotechnie doit être régulée, même s'il s'agit d'une tradition. Nous savons aussi que son interdiction affecterait des milliers de familles. Je n'imagine pas un arrêt de cette activité» a-t-il ajouté.

Le secteur est en effet florissant au Mexique, avec près de 10 millions de dollars générés chaque mois dans le pays.

Pour toutes sortes de célébrations, les Mexicains lancent des pétards et feux d'artifice. De nombreuses familles s'emploient à la fabrication de ces produits dangereux dans des ateliers souvent rudimentaires.

Les accidents sont fréquents et l'efficacité des normes reste sujette à caution.

En septembre 2005, le plus grand marché de feux d'artifice du pays, à Tultepec, près de la capitale, avait été totalement détruit par l'explosion de feux d'artifice à l'occasion de la fête nationale d'indépendance. L'année suivante, un autre incendie avait détruit plus de 200 stands.

Les normes de sécurité en vigueur sur le site avaient alors été renforcées, imposant notamment la construction de stands en béton ou parpaings, pour la vente de ces produits. Le marché se vantait depuis d'être «le plus sûr d'Amérique latine» sur un panneau installé à l'entrée.

En décembre 2016, une explosion spectaculaire y a fait 42 morts et 70 blessés.

Le marché est actuellement en reconstruction.