La grève générale au Brésil contre les mesures d'austérité du président conservateur Michel Temer provoquait vendredi de fortes perturbations dans les transports, alors que le gouvernement est sous pression à cause de la crise économique et des scandales de corruption.

À Sao Paulo, capitale financière du pays, la situation était particulièrement chaotique.

Dès les premières heures de la journée, des manifestants bloquaient d'importantes artères de circulation en brûlant des pneus au milieu de la voie, provoquant de nombreux embouteillages.

La police a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants et libérer les voies, alors que métros, bus et trains de banlieue étaient à l'arrêt.

De nombreuses manifestations sont prévues dans l'après-midi, pour protester notamment contre la réforme des retraites et la flexibilisation du travail souhaitées par le gouvernement pour tenter de sortir le pays de la pire récession de son histoire.

Les derniers chiffres du chômage, publiés vendredi, font état d'un taux record de 13,7% entre janvier et mars, avec plus de 14,2 millions de personnes à la recherche d'un emploi.

À Rio de Janeiro, un pont qui relie la ville à de nombreuses communes situées de l'autre côté de la baie a été bloqué pendant plusieurs heures, mais la circulation a été rétablie, alors que les transports en commun n'ont été que faiblement perturbés.

L'accès à la gare routière de Rio a été bloqué et la police a lancé des grenades de gaz lacrymogène pour le libérer.

Celui à l'aéroport domestique de Rio a été bloqué pendant quelques heures et de brefs affrontements entre manifestants ont eu lieu à l'intérieur du terminal, selon des images de la télévision brésilienne.

Un porte-parole de l'Agence nationale d'aviation a indiqué à l'AFP que «les aéroports fonctionnaient normalement», même si plusieurs vols ont été annulés à l'aéroport domestique de Sao Paulo.

Dans l'aéroport international de Guarulhos, qui dessert aussi Sao Paulo, seuls quelques retards ont été recensés, et le service de presse a souligné que la grève n'a eu «aucun impact».

«Gouvernement illégitime»

En plus des problèmes de transports, la plupart des écoles ont fermé leurs portes dans tout le pays, ainsi que les bureaux de poste et un grand nombre de banques.

«Temer ne gouverne pas. C'est la classe ouvrière qui gouverne», a publié sur son site la Centrale unique des travailleurs (CUT), un des principaux syndicats du pays.

Confronté à une crise économique sans précédent, le gouvernement mise sur des réformes particulièrement impopulaires, notamment celle prévoyant le recul de l'âge de départ à la retraite de 60 à 65 ans pour les hommes et de 55 à 62 ans pour les femmes.

«Nous ne pouvons plus nous taire alors qu'un gouvernement illégitime, qui n'a pas été élu, est en train de démanteler les droits des travailleurs brésiliens», a affirmé Ricardo Jacques, employé de banque en grève à Sao Paulo.

M. Temer, dont la cote de popularité est au plus bas, a remplacé en 2016 la présidente de gauche Dilma Rousseff, destituée pour maquillage des comptes publics.

Le gouvernement bénéficie pourtant du soutien de certains Brésiliens, comme Marcelo Faisal, architecte perturbé lors de son voyage de Sao Paulo à Rio vendredi matin, qui estime que «les réformes sont nécessaires».

«Comme ils n'ont pas obtenu l'adhésion massive pour leur grève générale, ils brûlent quelques pneus par endroits pour bloquer la circulation et semer la confusion», a-t-il déploré.

Dans la capitale Brasilia, où bus et métros sont à l'arrêt, les forces de l'ordre ont déployé un dispositif de sécurité conséquent à proximité des en raison des nombreuses manifestations prévues tout au long de la journée.