Amnestie International a dénoncé vendredi une «vague d'assassinats» d'indigènes en Colombie, qui selon l'ONG «génère de sérieux doutes» sur l'efficacité des mesures appliquées par le gouvernement dans le cadre de l'accord de paix avec la guérilla des Farc.

«L'assassinat de six indigènes au cours de la semaine écoulée génère de sérieux doutes sur l'efficacité des mesures mises en oeuvre par le gouvernement pour avancer dans le cadre du processus de paix», a estimé l'ONG de défense des droits humains dans un communiqué.

Amnestie a dénoncé la mort le 19 avril de Gerson Acosta, «chef de l'assemblée indigène Kite Kiwe à Timbio, dans le Cauca (ouest)», qui «bénéficiait de mesures de protection» suite à des menaces à son encontre en tant que défenseur des droits de l'Homme.

Elle a aussi fait état de l'assassinat de quatre indigènes de l'ethnie Awa dans le département du Nariño (sud-ouest) le 16 avril, tandis que deux frères de l'ethnie Wounan ont été retrouvés morts jeudi dans le Choco (nord-ouest).

Toutes les communautés indigènes concernées ont été, selon Amnestie, «historiquement exposées au conflit armé», qui depuis les années 1960 a vu s'affronter guérillas d'extrême gauche, paramilitaires d'extrême droit et forces de l'ordre, faisant au moins 260 000 morts, plus de 60 000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

«Ces crimes mettent en relief l'un des principaux défis de la mise en oeuvre du processus de paix, celui de protéger les communautés qui vivent dans certaines des zones qui ont le plus souffert du conflit», a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice d'Amnesty International pour les Amériques, citée dans le communiqué.

Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) et le gouvernement du président Juan Manuel Santos ont signé en novembre un accord de paix, selon lequel les quelque 7000 combattants de la guérilla se sont regroupés dans 26 zones du pays pour déposer les armes et préparer leur retour à la vie civile.

Les autorités ont annoncé avoir déployé des forces de l'ordre supplémentaires dans les zones jusque là contrôlées par les Farc afin d'éviter qu'elles soient occupées par d'autres groupes armés illégaux. Mais 156 militants d'associations ont cependant été tués entre janvier 2016 et le 1er mars 2017, selon le Défenseur du Peuple, entité publique de protection des droits de l'Homme.