L'opposition vénézuélienne appelle à de nouvelles manifestations contre le président Nicolas Maduro jeudi, au lendemain de vastes rassemblements au cours desquels trois personnes ont été tuées et une trentaine arrêtées.

Les troubles sporadiques se sont poursuivis dans la nuit de mercredi à jeudi dans certains quartiers de Caracas et d'autres villes, avec des pillages de boulangeries et supermarchés.

Le gouvernement de M. Maduro a dénoncé «l'interventionnisme» des États-Unis, après des déclarations du secrétaire d'État américain Rex Tillerson affirmant que le pouvoir vénézuélien «viole sa propre Constitution».

M. Tillerson s'est également dit «préoccupé» par la situation dans ce pays, où huit personnes ont été tuées en trois semaines de contestation.

«Le monde et le Venezuela sont profondément préoccupés par les récentes bombes lancées par les États-Unis sur la Syrie et l'Afghanistan», a rétorqué sur Twitter la ministre vénézuélienne des Affaires étrangères Delcy Rodriguez.

Mercredi en fin de journée, le dirigeant de l'opposition Henrique Capriles a donné rendez-vous aux manifestants. «Demain à la même heure, nous appelons le peuple vénézuélien tout entier à se mobiliser», a-t-il dit lors d'une conférence de presse de la Table de l'union démocratique (MUD), la coalition de l'opposition.

Huit personnes ont été tuées et plus de 500 arrêtées en trois semaines, selon l'ONG Foro Penal, dans ce pays qui vit une grave crise politique et économique et où l'opposition, majoritaire au Parlement depuis fin 2015, veut obtenir le départ anticipé du président socialiste.

Des centaines de milliers d'opposants ont défilé mercredi à Caracas et dans de nombreuses autres villes du Venezuela.

«Rien à manger»

Un adolescent de 17 ans et une jeune femme de 23 ans ont été tués, respectivement à Caracas et San Cristobal (ouest, à la frontière avec la Colombie) par les tirs d'inconnus cagoulés à moto, selon le parquet.

D'après des témoins, les auteurs des tirs font partie dans les deux cas des «colectivos», des groupes de civils armés par le gouvernement selon l'opposition.

Parallèlement, un militaire a été tué par des manifestants dans la périphérie de Caracas, a affirmé en soirée à la télévision l'un des principaux responsables du pouvoir, Diosdado Cabello.

Le parquet a confirmé à l'AFP la mort d'un militaire.

Pendant la journée, dans un climat extrêmement tendu, les accès de la capitale ont été bloqués par un important déploiement policier et militaire, qui repoussait avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc les manifestants, lesquels répliquaient avec des pierres et des cocktails Molotov.

«Il faut sortir de cette dictature. Nous sommes fatigués, nous voulons des élections pour que Maduro s'en aille du pouvoir, car il a détruit le pays», a déclaré une manifestante, Ingrid Chacon, secrétaire de 54 ans brandissant le drapeau jaune, bleu et rouge du Venezuela.

«Nous n'avons rien à manger dans le réfrigérateur. J'ai un enfant de deux ans et je suis au chômage, tout ça par la faute de Maduro», a confié à l'AFP Jean Tovar, 32 ans, des pierres plein les mains.

Dans la capitale et parfois à quelques mètres seulement de leurs adversaires, les chavistes (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013) manifestaient en faveur du chef de l'État, certains brûlant des drapeaux américains en signe de colère.

De nombreux commerces et stations de métro de Caracas étaient fermés. Deux chaînes de télévision, El Tiempo (Colombie) et Todo Noticias (Argentine) ont indiqué avoir été coupées au Venezuela durant les manifestations mercredi.

Pression internationale

M. Maduro a activé depuis mardi un plan de défense renforçant la présence policière et militaire. Mercredi, il a annoncé l'arrestation de 30 personnes, accusées de vouloir provoquer des violences lors des manifestations, ajoutant être, grâce à son plan de défense, «en train de démanteler le coup d'État terroriste» fomenté selon lui par les États-Unis.

Washington a rejeté ces accusations «infondées et déraisonnables» par la voix de son représentant intérimaire à l'Organisation des États américains (OEA), Kevin Sullivan.

La vague de manifestations a débuté le 1er avril quand la Cour suprême s'est arrogé les prérogatives du Parlement, déclenchant un tollé diplomatique qui l'a poussée à revenir en arrière 48 heures plus tard.

L'opposition a dénoncé une tentative de coup d'État, mais cet épisode lui a aussi donné un nouveau souffle.

Toute échéance électorale est risquée pour Nicolas Maduro, dont sept Vénézuéliens sur 10 souhaitent le départ. Il a pourtant assuré mercredi souhaiter des élections «bientôt», pour «gagner définitivement» la bataille.

Mardi soir, Nicolas Maduro a par ailleurs activé un plan de défense, renforçant la présence policière et militaire, pour «déjouer le coup d'État» fomenté selon lui par les États-Unis.

Mercredi, il a annoncé l'arrestation de 30 personnes accusées de vouloir provoquer de la violence lors des manifestations, ajoutant être, grâce à son plan de défense, «en train de démanteler le coup d'État terroriste».

Washington a rejeté ces accusations «infondées et déraisonnables», via son représentant intérimaire à l'Organisation des États américains (OEA), Kevin Sullivan.

«Nous sommes préoccupés par le fait que le gouvernement de Maduro viole sa propre Constitution et n'autorise pas l'opposition à faire entendre sa voix ni à s'organiser de façon à exprimer l'opinion du peuple vénézuélien», a renchéri le secrétaire d'État américain Rex Tillerson, reflétant la montée de la pression internationale sur le Venezuela ces derniers jours.

Lundi, 11 pays latino-américains ont ainsi demandé à Caracas de «garantir» le droit de protester pacifiquement.

«Le Venezuela livrera bataille contre ce groupe minoritaire de gouvernements qui pensent promouvoir une intervention honteuse» sur son territoire, a assuré la ministre des Affaires étrangères, Delcy Rodriguez.

Élections risquées pour Maduro

Seule voix discordante au sein du camp présidentiel, la procureure générale de la Nation, Luisa Ortega, a rappelé que «les responsables des organismes de sécurité de l'État doivent garantir l'exercice du droit à manifester de manière pacifique, en respectant strictement les droits de l'homme».

Cette vague de manifestations a démarré le 1er avril quand la Cour suprême, considérée comme proche de M. Maduro, s'est arrogé les prérogatives du Parlement, déclenchant un tollé diplomatique qui l'a poussée à faire machine arrière 48 heures plus tard.

L'opposition a dénoncé une tentative de coup d'État, mais cet épisode lui a aussi donné un nouveau souffle, l'amenant à dépasser ses querelles intestines et relançant la mobilisation populaire à ses côtés.

«L'opposition est plus unie que jamais», explique l'analyste Luis Vicente Leon, jugeant «probable» que la manifestation de mercredi soit «la plus grande contre le chavisme».

«Cette manifestation mettra en évidence la force de mobilisation de l'opposition et les coûts que cela peut potentiellement générer pour le gouvernement s'il continue d'éviter des élections à court terme», estime aussi le politologue John Magdaleno.

Toute échéance électorale est risquée pour Nicolas Maduro, dont sept Vénézuéliens sur dix souhaitent le départ. Il a pourtant assuré mercredi souhaiter des élections «bientôt» pour «gagner définitivement» la bataille.

AP

Des milliers de manifestants anti-Maduro ont marché sur une autoroute à Caracas, mercredi.