Les dossiers de corruption contre l'ex-présidente argentine Cristina Kirchner s'empilent dans les tribunaux : mardi, elle a été mise en cause dans une affaire de blanchiment, sa quatrième inculpation en un an.

«Le juge Claudio Bonadio a inculpé Cristina Fernandez pour association illicite et blanchiment d'argent» dans le dossier Los Sauces, une société immobilière familiale, a annoncé le pouvoir judiciaire.

L'ex-présidente (2007-2015) est également visée par une interdiction de sortie d'Argentine et un gel de ses biens à hauteur de 8 millions de dollars.

Ses enfants Maximo et Florencia sont aussi inculpés dans le dossier Los Sauces, tout comme les hommes d'affaires Cristobal Lopez et Lazaro Baez.

Cristobal Lopez est un riche chef d'entreprise, propriétaire de casinos et du groupe de presse Indalo, proche de Nestor et Cristina Kirchner, qui ont gouverné le pays sud-américain de 2003 à 2015.

Lazaro Baez, en détention provisoire, est un entrepreneur du BTP qui s'est considérablement enrichi pendant les années Kirchner, en bénéficiant de marchés publics dans la province de Santa Cruz, fief des Kirchner.

En retrait du débat politique depuis la fin de sa présidence en décembre 2015, Cristina Kirchner dénonce une persécution politique du gouvernement, qui, de son côté, assure n'avoir jamais influé sur la justice.

L'ancienne présidente est déjà inculpée dans deux affaires de corruption pour des marchés publics truqués et versement de dessous-de-table, en lien avec Lazaro Baez.

Cristina Kirchner sera également jugée pour un soupçon de délit financier sous son mandat, l'affaire dite du «dollar futur» pour laquelle elle est accusée d'avoir causé un préjudice à l'État au cours d'une opération de spéculation sur les taux de change réalisée par la Banque centrale en 2015.

La date du procès de l'avocate de 64 ans n'a pas encore été fixée.

Retour en politique?

Ces procédures judiciaires ne la rendant pas inéligible, la veuve de Nestor Kirchner (décédé en 2010) pourrait faire un retour au premier plan à l'occasion des élections législatives de mi-mandat, en octobre.

Ses partisans l'encouragent à mener la liste du Front pour la victoire (FPV), le mouvement politique d'obédience péroniste, créé par les Kirchner, dans la province hyper peuplée de Buenos Aires, qui rassemble près de 40% de l'électorat.

Sans elle, le FPV ne dépasse pas les 20% d'intentions de vote d'après les enquêtes d'opinion, mais si elle se présente, sa formation dépasse les 30% dans certaines circonscriptions.

Mme Kirchner vit en Patagonie (sud) et se rend régulièrement à Buenos Aires pour répondre aux convocations judiciaires.

Seule une condamnation ou une détention avant la clôture des candidatures le 24 juin la rendrait inéligible.

Le président de centre-droit Mauricio Macri a succédé à Mme Kirchner fin 2015 et dénonce une corruption systémique pendant la gestion des Kirchner.

Outre Mme Kirchner, de nombreux ministres des Kirchner sont dans le collimateur de la justice, inculpés, placés en détention préventive, ou condamnés.

Le plus célèbre d'entre eux, l'ancien vice-ministre des Travaux publics José Lopez, a été pris en juin 2016 en flagrant délit avec neuf millions de dollars en liquide, qu'il tentait de dissimuler dans un couvent.