Des heurts ont opposé mardi à Caracas la police à des manifestants protestant contre le coup de force de la Cour suprême qui s'est attribuée les pouvoirs du Parlement, aggravant la crise politique dans ce pays.

Bien que la plus haute juridiction ait décidé de reculer samedi face aux pressions internationales, les antichavistes (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013) ont néanmoins maintenu les manifestations pour accentuer la pression sur le président socialiste Nicolas Maduro.

Un millier d'opposants cherchaient mardi à rejoindre l'Assemblée nationale, lorsque les échauffourées ont éclaté. Les forces de l'ordre, qui leur barraient la route, ont fait usage de gaz lacrymogène tandis que les manifestants ont jeté des pierres. Quelques bousculades ont également eu lieu.

Plusieurs députés, qui se dirigeaient avec le cortège vers l'enceinte législative, affirment avoir été incommodés par le gaz lacrymogène. Ils ont finalement pu accéder individuellement au bâtiment.

La Cour suprême, proche du camp présidentiel, s'est attribuée la semaine dernière le pouvoir d'édicter des lois qui appartient normalement au Parlement, bastion de l'opposition de centre droit, s'attirant une pluie de critiques internationales.

Peu avant, la plus haute juridiction avait également privé les députés de leur immunité et conféré des pouvoirs élargis au chef de l'État afin de lui permettre de réviser les lois sur le crime organisé, le financement du terrorisme, ainsi que le Code pénal et celui de la justice militaire.

La Cour suprême est finalement revenue samedi sur cette série de décisions.

Le Parlement, dominé depuis décembre 2015 par l'opposition de centre droit au président socialiste, a déclaré que ce recul était insuffisant, estimant que se poursuivait un «coup d'État» voulu par M. Maduro pour renforcer son pouvoir.

Les députés devaient siéger mardi pour initier un processus de destitution des juges de la Cour suprême.

Outre la profonde crise politique en cours, le Venezuela, pays pétrolier qui a connu trois tentatives de coup d'État depuis 1992, est frappé par une pénurie qui concerne 68% des produits de base, et l'inflation y est devenue incontrôlable (1.660% fin 2017, selon une prévision du FMI).