Le gouvernement socialiste du président vénézuélien Nicolas Maduro et l'opposition de centre droit se réunissent vendredi, sous les auspices du Vatican, pour une deuxième séance de négociations aux faibles chances de succès dans un contexte de grave crise économique.

Depuis le premier round, une trêve de 10 jours a été observée, sans vraiment apaiser les esprits.

«La trêve que nous avons décidée à la demande du Vatican se termine vendredi, maintenant vient la lutte», a averti Jesus Torrealba, le secrétaire exécutif de la Table pour l'unité démocratique (MUD), coalition qui réunit une bonne partie de l'opposition à Nicolas Maduro.

«Nous allons à la table du dialogue pour exiger que l'on restitue au peuple son droit à voter», a-t-il ajouté.

Le recours aux urnes, c'est l'arme que revendique la MUD depuis sa victoire aux élections législatives fin 2015, qui a mis fin à 17 ans d'hégémonie parlementaire du camp de l'ex-président Hugo Chavez (1999-2013).

Surfant sur le mécontentement populaire dans ce pays pétrolier qui a sombré économiquement avec la chute des cours du brut, elle réclame un référendum pour révoquer Nicolas Maduro d'ici fin 2016 ou des élections anticipées au premier trimestre 2017.

Mais le référendum a été gelé par les autorités électorales et le chef de l'État martèle qu'il restera à son poste jusqu'à la fin de son mandat, en janvier 2019.

«Je ne suis pas obsédé par l'idée d'avoir des élections demain, c'est le peuple qui le décidera en 2018», a-t-il répété jeudi.

«La probabilité qu'à cette table des négociations le gouvernement accepte un référendum ou des élections anticipées est proche de zéro, car Maduro a la certitude absolue qu'on veut sa tête», estime l'analyste Luis Vicente Leon.

L'annonce d'un dialogue a marqué une avancée significative en près d'un an de crise politique, mais il reste fragile.

«Il faut un changement»

«Je n'accepte pas d'ultimatum», a lancé Nicolas Maduro à l'opposition qui lui demandait des gestes de bonne volonté, comme la libération de la centaine de «prisonniers politiques» qu'elle recense.

Les deux camps ont fait quelques concessions, le gouvernement relâchant cinq opposants tandis que le Parlement suspendait le vote de défiance prévu contre M. Maduro et un appel à manifester.

Mais l'opposition veut plus, tout de suite: «Nous ne pouvons pas passer des mois assis à nous regarder dans le blanc des yeux en attendant la prochaine réunion» de négociations, a dit l'ex-candidat présidentiel Henrique Capriles. «Il faut un changement», a-t-il plaidé.

La trêve a déconcerté certains partisans de la MUD, qui souhaitent plus de fermeté face au gouvernement qu'une majorité de Vénézuéliens désapprouve.

Jeudi, une poignée d'étudiants ont manifesté à Caracas pour exprimer leur frustration. «Nous resterons dans la rue. Nous demandons un calendrier jusqu'aux élections et la réactivation du processus de référendum», a déclaré l'un d'eux, Hasler Iglesias.

Pour Luis Vicente Leon, le gouvernement a remporté le premier round en empêchant des manifestations massives, en désamorçant la pression internationale et tout simplement en gagnant du temps.

Mais plusieurs dirigeants de la MUD ont prévenu qu'ils reprendraient les manifestations et le «procès en destitution» du président si le dialogue n'avance pas.

Dans ce contexte, la victoire surprise du populiste Donald Trump à l'élection présidentielle américaine renforce l'incertitude dans le pays sud-américain.

Fâchés sur les droits de l'Homme, Washington et Caracas n'ont plus d'ambassadeurs respectifs depuis 2010, mais avaient annoncé en juin reprendre le dialogue, même si les tensions restent vives.

«Le discours agressif et menaçant de Trump sera l'excuse parfaite pour renforcer la thèse de l'ennemi extérieur au Venezuela», pense Luis Vicente Leon.

Dans une conversation téléphonique avec le secrétaire d'État américain John Kerry, Nicolas Maduro a cependant souhaité mercredi mettre en place un «programme de travail positif» avec Donald Trump.