Les États-Unis se sont pour la première fois abstenus lors de l'adoption mercredi d'une résolution annuelle à l'Assemblée générale des Nations unies réclamant la fin de l'embargo américain imposé à Cuba depuis 1962.

Le texte a été adopté par 191 voix et deux abstentions (États-Unis et Israël) sur les 193 membres de l'Assemblée.

L'ambassadrice américaine Samantha Power a fait valoir la « nouvelle approche » envers La Havane adoptée par le président Barack Obama, suscitant des applaudissements nourris.

Mme Power a reconnu que « la politique américaine d'isolement envers Cuba (...) avait isolé les États-Unis, y compris ici à l'ONU. »

L'abstention américaine, a-t-elle affirmé, « ne veut pas dire que les États-Unis sont d'accord avec toutes les politiques et pratiques du gouvernement cubain ».

Elle a dénoncé ainsi « les graves violations des droits de l'homme que le gouvernement cubain continue de commettre avec impunité contre son propre peuple », dont des « arrestations arbitraires » d'opposants.

Elle a cependant souligné que le régime castriste « avait fait des progrès importants » dans la santé et l'éducation et a rendu un vibrant hommage aux médecins cubains envoyés pour lutter contre l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest.

L'Assemblée générale se prononce chaque année depuis 1992 sur une résolution dénonçant ce blocus économique.

Les années précédentes, les États-Unis, parfois rejoints par Israël, avaient toujours voté contre ce texte, qui était adopté à une écrasante majorité.

« Israël salue les progrès réalisés dans les relations entre les États-Unis et Cuba » et entend maintenir son « étroite coopération » avec Washington à l'ONU, a expliqué l'ambassadeur israélien Danny Danon.

Le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez Parilla a fustigé un embargo qui « nuit gravement à la population cubaine et au développement économique du pays ».

« Les dommages causés à la population par ce blocus sont incalculables », a-t-il affirmé. Il a longuement énuméré certains des effets néfastes et a estimé que les mesures prises jusqu'ici par Washington pour l'assouplir « étaient positives, mais d'une ampleur et d'une efficacité très limitées ».

Il a suggéré que Barack Obama pouvait faire davantage pour alléger en particulier les restrictions financières imposées aux banques cubaines.

La levée de l'embargo est du ressort du Congrès américain dominé par les républicains.

Paul Ryan, chef des républicains à la Chambre des représentants, a promis il y a une semaine que le Congrès allait le maintenir malgré les récentes mesures prises par Barack Obama pour poursuivre le dégel des relations avec le régime communiste.

La résolution adoptée mercredi « se félicite de l'amélioration des relations » entre La Havane et Washington et de la visite à Cuba en mars de Barack Obama, la première d'un président américain depuis l'arrivée au pouvoir du régime castriste.

Elle « salue aussi la volonté affirmée (par M. Obama) d'oeuvrer à la levée du blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba » et les mesures prises par l'administration démocrate pour l'alléger, les jugeant cependant « de portée limitée ».

Les États-Unis ont annoncé vendredi de nouveaux allègements de leurs sanctions contre Cuba, afin notamment de faciliter les échanges dans la recherche médicale et l'achat de cigares et de rhum cubains à l'étranger.