Après l'Allemande Lufthansa, Latam, la plus importante compagnie aérienne d'Amérique latine, a annoncé lundi qu'elle suspendait jusqu'à nouvel ordre ses vols à destination du Venezuela, en raison de la crise économique qui frappe ce pays.

Invoquant le «scénario macroéconomique complexe que traverse la région», Latam «suspend pour une durée non définie ses opérations à l'aéroport international Simon Bolivar de Caracas», peut-on lire dans le communiqué de la compagnie, née en 2012 de la fusion de la Chilienne LAN et de la Brésilienne TAM.

La décision de Latam, qui assurait des vols vers le Venezuela à partir de São Paulo (Brésil), Lima (Pérou) et Santiago du Chili (Chili), a commencé à s'appliquer le samedi 28 mai pour le São Paulo-Caracas, et s'étendra progressivement aux deux autres villes.

Latam, dont les pertes ont doublé en 2015 (219 millions de dollars), dessert quelque 140 destinations dans une vingtaine de pays et compte plus de 53 000 employés.

Dimanche, la compagnie aérienne allemande Lufthansa avait annoncé suspendre ses vols vers le Venezuela pour les mêmes raisons.

«Nous avons décidé de suspendre à partir du 17 juin la liaison entre Francfort et Caracas jusqu'à nouvel ordre», avait dit à l'AFP un porte-parole de cette compagnie qui assure actuellement trois vols hebdomadaires vers la capitale vénézuélienne.

«Cette décision s'explique par la situation économique difficile et le fait qu'il n'est pas possible de transférer des devises étrangères hors du pays», en raison des contrôles des changes qui ont été introduits ces dernières années et empêchent les entreprises étrangères de convertir leurs revenus sur place en dollars pour ensuite les rapatrier, avait ajouté le porte-parole.

Le Venezuela dispose des plus grandes réserves pétrolières de la planète, mais est désormais pénalisé par la chute des cours du brut, qui lui apporte 96 % de ses devises, et le gouvernement a pris diverses mesures restreignant les mouvements de capitaux.

Cette crise se traduit par des pénuries de produits de première nécessité, dont ce pays ne peut plus assurer financièrement l'importation, obligeant les Vénézuéliens à patienter pendant des heures devant les supermarchés et à supporter la pire inflation du monde, soit 180 % en 2015.

Dans ce contexte, le président Nicolas Maduro est soumis à une pression de plus en plus forte de l'opposition, qui souhaite organiser avant la fin de l'année un référendum pour le révoquer, surfant sur le mécontentement populaire.