Le vice-président du Brésil, Michel Temer, a reconnu avoir «accidentellement» fait fuiter lundi un message audio contenant son discours à la nation au cas où la procédure en destitution de la présidente Dilma Rousseff irait à son terme.

L'apparition sur plusieurs sites internet dans l'après-midi de cette bande-son de 14 minutes où M. Temer s'adresse au «peuple brésilien» a immédiatement été interprétée par les soutiens de la chef d'État comme une nouvelle preuve du «coup d'État» institutionnel en préparation.

Dans le discours de ce responsable devenu opposant à la présidente, M. Temer avance que sa «grande mission désormais est d'apaiser le pays, l'unification du pays».

Il y appelle tous les partis à travailler ensemble «pour sortir le pays de la crise» économique et politique dans laquelle le géant émergent d'Amérique latine est profondément englué.

M. Temer succèderait à Mme Rousseff jusqu'aux prochaines élections de 2018 si cette dernière était destituée.

Il pourrait même la remplacer beaucoup plus rapidement, si les députés votaient d'ici une semaine à une majorité des deux tiers la poursuite de la procédure devant le Sénat et si celui prononçait la mise en accusation de Mme Rousseff à la majorité simple.

Dans ce cas, la présidente serait écartée du pouvoir pour une durée maximale de 180 jours en attendant le vote final des sénateurs sur sa destitution.

Mme Rousseff est accusée d'avoir maquillé les comptes publics en 2014 (année de sa réélection) et en 2015 pour minimiser l'impact des déficits publics et de la récession économique qui frappe le Brésil.

«Je parlais avec plusieurs proches, et ils me demandaient si j'étais prêt à l'éventualité» d'une mise à l'écart de Mme Rousseff, a expliqué benoîtement Michel Temer en conférence de presse.

«Je me suis dit: je vais enregistrer ce que j'imagine que je pourrais dire», a ajouté cet avocat constitutionnaliste de formation.

«J'ai donc fait l'enregistrement, où j'ai souligné les points que je défends depuis longtemps: l'apaisement absolu du pays, l'unité du pays, l'appel à tous les partis pour un gouvernement de salut national, l'idée de valoriser les secteurs productifs, c'est-à-dire les travailleurs et les entrepreneurs, l'idée de maintenir les programmes sociaux».

«Je confesse qu'après, quand j'ai voulu envoyer l'enregistrement à un ami, c'est parti à un groupe et le message s'est diffusé» sur un système de messagerie instantanée, s'est justifié cet homme d'appareil discret, âgé de 75 ans.

«Ce que j'ai dit n'a rien de nouveau, parce que ce sont des thèses que je défends depuis longtemps. Mais nous devons attendre avec prudence la décision» des parlementaires, a déclaré M. Temer.