L'avocat de l'ex-président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva a demandé à la Cour suprême du pays de se pencher sur Sergio Moro, juge d'instruction de l'affaire de corruption Petrobras, pour avoir « illégalement » procédé à des écoutes téléphoniques de la défense de l'ancien chef d'État.

Selon le texte transmis mercredi au Tribunal fédéral suprême (STF), l'avocat Roberto Teixeira avance que Sergio Moro a placé sous écoute le cabinet Teixeira, Martins & Advogados, ce qui « en plus de contrevenir expressément à la législation brésilienne et les traités internationaux signés par le Brésil, fragilise l'État de droit lui-même ».

Les enquêteurs qui travaillent sur le scandale de corruption Petrobras affirment que la ligne téléphonique interceptée était inscrite sous le nom de l'entreprise qui organise les conférences de Lula. Ses avocats soutiennent cependant que la compagnie téléphonique elle-même a confirmé qu'il s'agissait bien du numéro du cabinet.

Les enquêteurs avaient jeté un pavé dans la mare le 16 mars, lorsque Sergio Moro révélait le contenu de conversations téléphoniques entre Lula et Dilma Rousseff, qui lui a succédé à la présidence, certains ministres et ses avocats.

L'ex-chef de l'État (2003-2010) est dans le collimateur de la justice pour occultation alléguée de biens et pour avoir bénéficié de faveurs de la part d'entreprises mouillées dans le système de corruption Petrobras. Il nie toute implication, mais a dû être emmené manu militari début mars pour faire sa déposition.

Emblématique figure de la gauche latino-américaine, Lula a peu après été nommé chef de cabinet de la présidente (un poste équivalent à celui de premier ministre), mais la justice a bloqué cette nomination, la soupçonnant d'être un subterfuge pour le protéger du juge, car un membre du gouvernement ne relève pas de la justice ordinaire.

Le jour de cette nomination, Sergio Moro avait divulgué les écoutes téléphoniques de Lula, ce qui avait poussé des milliers de personnes dans la rue pour protester et réclamer la démission de Dilma Rousseff.

Dans ce dialogue, celle-ci lui annonçait qu'elle s'apprêtait à lui envoyer le décret de sa nomination comme chef de cabinet pour qu'il puisse « l'utiliser en cas de besoin ».