Barack Obama a chaleureusement félicité mercredi le nouveau président argentin Mauricio Macri pour ses réformes économiques, et voit en lui un leader pour l'Amérique latine.

Alors que la région avait majoritairement basculé à gauche dans les années 2000, Washington se réjouit du nouveau cap économique et diplomatique de l'Argentine, désormais dirigée par un président libéral.

Barack Obama s'est dit «impressionné par ses réformes rapides (...) pour connecter l'Argentine avec l'économie mondiale et la communauté internationale», lors d'une conférence de presse conjointe au palais présidentiel à Buenos Aires.

«Il n'y a pas que le monde économique qui prend acte des changements en cours à Buenos Aires. Le monde observe. Sous la présidence de Mauricio Macri, l'Argentine reprend son rôle traditionnel de leader dans la région», a dit Barack Obama.

Ces derniers mois, Buenos Aires a levé le contrôle des changes, les restrictions aux importations, et permet désormais aux entreprises étrangères de rapatrier leurs bénéfices. Le vieux conflit sur la dette datant de la crise économique de 2001 est même en passe d'être réglé.

Après des années de protectionnisme durant la gestion des présidents de gauche Nestor et Cristina Kirchner, la politique menée par le nouveau gouvernement est de nature à rassurer les investisseurs.

«Preuve de cette confiance en l'Argentine, a fait remarquer M. Obama, de nombreuses entreprises annoncent des millions de dollars de nouveaux investissements».

Pour le président américain, ces mesures vont permettre à la 3e économie d'Amérique latine de retrouver la croissance, après deux ans de stagnation.

À Buenos Aires, l'Argentine et les États-Unis ont signé plusieurs accords bilatéraux en matière de sécurité, de lutte contre le blanchiment d'argent, de commerce et d'investissements, et adopté des positions communes sur la protection de l'environnement et le soutien à l'Organisation des États américains (OEA).

Les États-Unis «pas à court d'autocritique»

C'est la première fois qu'un président des États-Unis se rend en visite officielle en Argentine depuis celle de Bill Clinton, en 1997.

En 2005, George Bush avait participé à un Sommet des Amériques dans la station balnéaire de Mar del Plata, qui avait enterré un projet de zone de libre-échange continentale et altéré la relation entre les deux pays.

Les présidents de gauche Nestor et Cristina Kirchner, aux affaires de 2003 à 2015, avaient rompu avec l'étroite relation Washington-Buenos Aires. D'après le quotidien économique argentin El Cronista, le commerce bilatéral a chuté en 12 ans à son plus bas niveau depuis huit décennies.

Interrogé en conférence de presse sur l'appui des États-Unis à la dictature militaire, Barack Obama a semblé embarrassé. Il s'est démarqué de précédentes administrations, évoquant dans la politique extérieure des États-Unis «des moments qui n'ont pas été productifs, contraires (aux valeurs) que, je crois, les États-Unis doivent représenter».

«Je ne veux pas faire la liste de toutes les activités des États-Unis en Amérique latine, tout le monde connait l'histoire». Pour M. Obama, ces tactiques font désormais partie du passé, les États-Unis ne cherchent plus à «forcer des changements».

Le président américain a rappelé le contexte de la Guerre froide entre les États-Unis et l'Union soviétique, et de l'engagement de son pays dans la lutte contre le communisme. Washington avait appuyé des dictatures militaires en Amérique latine, y voyant un rempart contre le communisme.

Aux États-Unis, a-t-il conclu sur ce thème, «nous ne sommes pas à court d'autocritique» et «je préfère la démocratie à la dictature».

La date de la visite de M. Obama a soulevé une polémique en Argentine, car elle coïncide jeudi avec le coup d'État du 24 mars 1976.

L'annonce avant sa visite de la levée du secret-défense sur des archives de l'armée et de la CIA a apaisé les tensions. Le Vatican a emboité le pas à Washington en annonçant mercredi que l'Église comptait faire de même prochainement.