La guérilla des Farc a proposé jeudi au gouvernement colombien de définir une nouvelle date butoir pour la signature d'un accord de paix final, écartant définitivement le rendez-vous du 23 mars fixé il y a six mois par les parties.

« Nous sommes d'accord avec ce qu'a dit (le président colombien Juan Manuel Santos) sur le fait que les conditions ne sont pas réunies pour le 23 » mars, a déclaré le négociateur des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) Joaquin Gomez à La Havane, siège des pourparlers colombiens depuis plus de trois ans.

Mercredi, le président Santos avait écarté l'idée de signer « un mauvais accord » juste pour respecter ce délai.

« Si le 23 (mars) nous ne parvenons pas à un bon accord, je propose à l'autre partie de fixer une autre date », avait-il prévenu, reprenant une hypothèse déjà évoquée par la guérilla et l'ONU ces dernières semaines.

Le commandant suprême des Farc Timoleon Jimenez, dit « Timochenko », a acquiescé jeudi : « Je suis d'accord avec le président Santos que pour le 23 mars il est matériellement impossible de parvenir à un accord », a-t-il écrit sur Twitter.

Un peu plus tôt à La Havane, la rébellion s'était dite être « disposée à convenir d'une autre date d'une manière consensuelle », entérinant définitivement l'abandon de la date du 23 mars, déterminée en septembre dernier au cours d'une rencontre historique à Cuba entre MM. Santos et Jimenez.

L'attente des médias internationaux était pourtant forte autour de cette date, qui tombait fortuitement juste après la visite historique qu'effectuera le président américain Barack Obama à Cuba, les 21 et 22 mars, sous les yeux de centaines de journalistes venus du monde entier.

Mais les parties n'ont pas renoncé à faire une annonce importante le 23 mars, et travaillent sur un cessez-le feu bilatéral. Les rebelles ont suspendu leurs offensives à partir de juillet dernier, et en retour l'armée colombienne ne bombarde plus les positions des Farc.

« Le 23 mars, nous aurons quelque chose », a assuré lundi la ministre colombienne des Affaires étrangères Maria Angela Holguin, indiquant que faute d'un accord final, « une partie de l'accord » pourrait être signée.

Le gouvernement et les Farc, guérilla la plus importante de ce pays avec quelque 7500 combattants selon des chiffres officiels, négocient depuis novembre 2012 pour mettre fin à plus d'un demi-siècle de guerre interne.

La paix épargnera d'autres dégâts environnementaux

La signature de la paix avec la guérilla des Farc épargnera chaque année à la Colombie l'équivalent de plus de 2,2 milliards de dollars de dégâts à l'environnement, selon une étude officielle sur l'impact du conflit armé publiée jeudi.

« Pour chaque année de paix, la Colombie épargnera 7,1 milliards de pesos (2,2 milliards de dollars) de dégradation de l'environnement », a déclaré le directeur du Service national de planification (DNP), Simon Gaviria, lors d'un forum auquel participait le président Juan Manuel Santos et des représentants de l'ONU.

Les projections économiques du DNP sont basées sur l'élimination de la déforestation, qui touche les régions les plus affectées par plus d'un demi-siècle de guerre interne, et d'autres dégâts causés par l'activité minière illégale et les attentats contre des oléoducs (4,1 millions de barils de brut perdus en 35 ans).

« La paix donnera à la Colombie de plus importants dividendes liés à l'environnement, freinera l'écocide et génèrera des opportunités d'emplois », a déclaré M. Santos, qui espère signer cette année un accord de paix avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes).

Selon le DNP, d'importantes économies seront générées par la réhabilitation des forêts abattues pour les cultures illicites de drogue, ainsi que par la diminution de la pollution causée par les fuites de pétrole des oléoducs endommagés, et par le mercure utilisé pour l'extraction clandestine de l'or qui contaminent « 60 % des sources hydriques du pays ».

La plus grande économie, à hauteur de 1,3 milliard de dollars, sera réalisée par l'élimination du déboisement sauvage qui représente trois millions d'hectares de forêt, soit la superficie de la Belgique.

« Si nous prenons soin de nos forêts, la Colombie peut devenir un leader mondial de la nouvelle bio-économie qui, selon des estimations de l'OCDE, pourrait représenter en 2030 près de 2,5 % du PIB », a souligné M. Santos.