Le président des États-Unis Barack Obama, attendu du 20 au 22 mars à Cuba pour une visite historique, sera «le bienvenu», mais il ne doit pas espérer des concessions politiques de la part de La Havane, ont prévenu mercredi les autorités cubaines.

Barack Obama, qui sera le premier président américain à fouler le sol cubain depuis Calvin Coolidge en 1928, «sera le bienvenu par le gouvernement de Cuba et son peuple», a assuré le quotidien officiel Granma.

«Personne ne peut affirmer que pour autant nous devons renoncer à un seul de nos principes, céder un pouce de terrain», a toutefois souligné l'organe officiel du parti communiste cubain (PCC, parti unique).

En vue de ce déplacement, La Havane «rappelle sa pleine disposition à maintenir un dialogue respectueux avec le gouvernement des États-Unis et à développer des relations de coexistence civilisée» dans la continuité du rapprochement spectaculaire entamé il y a un peu plus d'un an.

Mais «coexister ne signifie pas renoncer aux idées auxquelles nous croyons et qui nous ont menés jusqu'ici», a insisté le journal d'État.

Après un demi-siècle de tensions héritées de la Guerre froide, Barack Obama et son homologue cubain Raúl Castro ont annoncé le 17 décembre 2014 leur volonté d'opérer un rapprochement. En juillet dernier, Washington et La Havane ont rétabli leurs relations diplomatiques, interrompues depuis 1961.

M. Obama a indiqué qu'il rencontrerait à Cuba des représentants de l'opposition illégale et qu'il aborderait avec les autorités cubaines la question sensible des droits de l'homme, tout en soulignant que cela ne l'intéressait pas de «simplement valider le statu quo».

Selon Granma, cette visite s'inscrira dans le cadre du «processus complexe vers la normalisation (...) qui progresse sur le seul terrain possible et juste: celui du respect, de l'égalité, de la réciprocité et de la reconnaissance de la légitimité de notre gouvernement».

Interrogé par l'AFP, le dissident Manuel Cuesta Morua, qui avait rencontré Barack Obama lors du sommet des Amériques de Panama en avril 2015, a estimé que la visite du président américain pouvait «aider énormément» à améliorer les libertés à Cuba.

Pour cet opposant, le texte de Granma constitue un «exercice rhétorique». «Le gouvernement cubain sait qu'il doit évoluer», mais «il ne peut s'afficher comme se trouvant sous la pression des États-Unis», a-t-il affirmé.

M. Morua devrait faire partie des dissidents que M. Obama rencontrera à La Havane. Contacté par l'ambassade américaine dans cette optique la semaine dernière, le dissident a indiqué à l'AFP qu'il n'avait pas encore reçu de confirmation à ce jour pour cette rencontre.