Le président français François Hollande a apporté mercredi un soutien appuyé aux réformes économiques libérales engagées par le nouveau chef de l'État argentin, Mauricio Macri, poursuivant à Buenos Aires une mini-tournée en Amérique latine.

«Vous avez voulu mettre l'Argentine dans une situation nouvelle, plus ouverte plus crédible, la France est prête à vous accompagner», a-t-il lancé lors d'une déclaration conjointe à la presse au palais présidentiel.

Paris, a insisté François Hollande, entend «soutenir l'Argentine dans sa réintégration dans la communauté financière internationale» et souhaite qu'«une solution» soit trouvée pour sa dette souveraine.

Arrivé au pouvoir il y a deux mois, le président argentin négocie âprement avec des fonds spéculatifs américains pour solder un litige sur la dette de son pays, secoué par une profonde crise économique et sociale en 2001.

François Hollande a multiplié les engagements: la France «facilitera tous les crédits à l'exportation», elle soutient la candidature de l'Argentine à l'OCDE, l'Agence française de développement fera son retour dans ce pays...

Quant aux entreprises françaises, elles répondront «à toutes les opportunités», a-t-il assuré à l'issue d'une heure d'entretien avec son homologue argentin.

Celui-ci a souhaité pour sa part «plus de vigueur dans le renforcement» des échanges économiques et commerciaux entre les deux pays. Ils ont «vocation» à être approfondis, a-t-il souligné.

Au sujet du Traité de libre-échange UE-Mercosur, freiné par des désaccords au sein de ce marché commun sud-américain, François Hollande a dit prendre «ces discussions avec responsabilité».

«Vous savez que nous avons une très grande vigilance sur les questions agricoles», a-t-il cependant ajouté, alors que la France traverse une grave crise agricole.

Le chef de l'État français ne s'est en revanche pas exprimé sur le vif débat qui agite en France sa propre majorité autour de sa ligne économique: la conférence de presse a été remplacée par une simple déclaration conjointe à la demande de la partie argentine, selon l'Elysée.

Pré carré 

Accompagné du footballeur franco-argentin David Trezeguet et d'une vingtaine de dirigeants d'entreprise, François Hollande avait entamé quelques heures plus tôt sa visite à Buenos Aires par un hommage au «père de l'indépendance argentine», le général San Martin, alors que le pays sud-américain célèbrera cette année le bicentenaire de son indépendance.

L'Argentine est l'avant-dernière étape d'un périple de plus de 45 000 kilomètres qui l'a déjà mené depuis dimanche à Wallis-et-Futuna, en Polynésie française et au Pérou et doit s'achever jeudi en Uruguay.

Après s'être rendu pendant son mandat au Brésil, au Mexique et à Cuba, le président français remet à l'ordre du jour une région parfois oubliée. Depuis 1964 et la visite du Général de Gaulle, seuls deux chefs de l'État français se sont rendus en Argentine: François Mitterrand (1987) et Jacques Chirac (1997).

Environ 250 entreprises françaises (Total, Danone, Renault, PSA, etc.) opèrent en Argentine, troisième économie d'Amérique latine où la France affiche un bel excédent commercial, d'un milliard d'euros.

Dans un mois, c'est Barack Obama qui sera à son tour à Buenos Aires, une manière pour Washington de marquer le terrain dans une Amérique du Sud qui lui a tourné le dos une décennie durant après avoir été longtemps son pré carré.

Mais le calendrier fait polémique: le président américain sera à Buenos Aires au moment du 40e anniversaire du coup d'État militaire de 1976, soutenu par les États-Unis.

Cette dictature militaire (1976-1983) a laissé des blessures qui tardent à se refermer, tant les personnes portées disparues sont nombreuses. Au Parc de la Mémoire, où 10 000 noms de victimes identifiées sont gravés dans la pierre, M. Hollande se recueillera et rencontrera Mères et Grands-Mères de la Place de Mai, mouvements emblématiques de la lutte contre la dictature.