Le gouvernement colombien a annoncé jeudi la libération des premiers guérilleros graciés dans le cadre du processus de paix, négocié depuis 2012 avec la guérilla des FARC pour mettre fin à plus d'un demi-siècle de guerre interne.

«Seize des 30 personnes que le gouvernement a décidé de gracier le 22 novembre sont en liberté», a annoncé le bureau du Haut commissaire pour la paix dans un communiqué.

«C'est un premier geste unilatéral du gouvernement après avoir évalué le respect du cessez-le-feu unilatéral par les FARC, la diminution de la violence qui en découle et les avancées du processus», selon le texte.

Le gouvernement du président Juan Manuel Santos a gracié un total de 30 guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes), un gage de confiance dans le cadre des négociations de paix menées avec la principale guérilla du pays depuis novembre 2012 à Cuba pour mettre fin au plus ancien conflit armé des Amériques.

La guérilla, qui avait qualifié cette grâce de «geste positif», a depuis exigé un «geste humanitaire» en demandant la libération de «80 prisonniers des FARC dont l'état de santé est grave». Puis Ivan Marquez, chef de la délégation des FARC à La Havane, a proposé dimanche que soient libérés non seulement des guérilleros, mais aussi des policiers et militaires malades.

Le bureau du Haut commissaire pour la paix a cependant précisé que les 16 guérilleros libérés jeudi l'étaient «non pour motif de santé, mais pour la nature du délit en raison duquel ils étaient emprisonnés».

Guérilleros «promoteurs» de paix

Il a souligné que ces guérilleros, qui n'ont pas été condamnés pour des crimes graves, mais pour rébellion, devaient «s'engager à ne pas réintégrer les rangs des FARC», mais «entamer leur processus de réintégration dans la vie civile et se convertir en promoteurs» de la paix.

Quatre d'entre eux - Elky Javier Caballero Rodriguez, Carlos Antonio Ochoa Orjuela, Sandra Patricia Isaza Rincon et Gloria Alvarez Mestizo - ont, en outre, été autorisés à se rendre à Cuba «afin d'être informés du contenu des accords conclus» pour ensuite les diffuser, ajoute le texte.

Les FARC, issues en 1964 d'une insurrection paysanne, comptent encore environ 7000 combattants, selon les autorités. En juillet dernier, elles ont décrété un cessez-le-feu unilatéral. Puis en août le gouvernement a suspendu les bombardements aériens des campements de la guérilla.

Aucune action offensive des FARC n'a été répertoriée au cours des 55 derniers jours, selon le Centre de ressources pour l'analyse du conflit (CERAC) dans son rapport mensuel publié mercredi.

Le Défenseur du peuple, entité gouvernementale chargée de la protection des droits de la personne, a pour sa part salué jeudi une «diminution notable des faits violents» et s'est félicité de ce «panorama encourageant».

Dans le cadre de leurs négociations, les FARC et le gouvernement ont demandé mardi au Conseil de sécurité de l'ONU la création d'une mission «d'observateurs non armés pour une période de 12 mois» afin de superviser le désarmement de la rébellion et le cessez-le-feu une fois qu'un accord définitif serait conclu.

Les deux parties, qui se sont engagées en septembre à signer la paix d'ici le 23 mars, sont déjà parvenues à des agréments sur quatre des six points à l'agenda des discussions: la distribution des terres (origine du conflit armé), le trafic de drogues, les réparations envers les victimes et la participation ultérieure des guérilleros à la vie politique.

Il leur reste à négocier les conditions de la fin du conflit, dont le désarmement des FARC, ainsi que la mise en application et l'approbation de l'accord, par référendum ou par une assemblée constituante.

Cette guerre interne complexe, qui au fil des décennies a impliqué plusieurs guérillas d'extrême gauche, paramilitaires d'extrême droite et forces armées, sur fond de violences dues au trafic de drogues, a fait au moins 220 000 morts, six millions de déplacés et des dizaines de milliers de disparus.