Des Haïtiens se sont rassemblés un peu partout à travers le pays pour prier, mardi, afin de marquer le sixième anniversaire du tremblement de terre dévastateur et se souvenir des gens qui ont perdu la vie dans la catastrophe.

Joseph Philistin s'est rendu avec ses deux fils dans une église catholique qui a figuré parmi les milliers d'édifices réduits en ruines le 12 janvier 2010, lorsqu'un séisme de magnitude 7 a ravagé une grande partie de Port-au-Prince et des secteurs environnants.

M. Philistin a perdu cinq membres de sa famille, tués dans l'effondrement de leur maison en béton à Carrefour, secteur durement touché de Port-au-Prince. Alors qu'il se joignait au service de commémoration, mardi, M. Philistin a affirmé que «les souvenirs de cette journée ne pourront jamais être effacés».

Le gouvernement estime que plus de 300 000 personnes sont mortes dans la catastrophe, mais le bilan exact demeure inconnu.

Mardi n'était pas un jour de congé en Haïti, contrairement à ce qui avait été décidé pour les commémorations des années précédentes, et les rues de Port-au-Prince étaient bondées comme à l'habitude.

Lors d'une cérémonie gouvernementale en périphérie de la capitale, le président Michel Martelly a déposé un bouquet de fleurs blanches devant un important cimetière collectif, transformé en mémorial officiel pour les gens ayant perdu la vie dans le séisme.

Alors qu'il s'éloignait des lieux, entouré par des journalistes, M. Martelly a affirmé qu'un «manque de sérieux et de planification» avait contribué à l'ampleur du désastre.

«Nous tous, Haïtiens de partout au pays, devons voir les choses différemment, et comprendre que c'est notre responsabilité à tous de changer notre pays», a dit M. Martelly, qui est tenu par la Constitution de quitter ses fonctions le 7 février.

Antoinise Excelet, l'une des quelque 250 000 personnes déplacées s'étant installées dans une situation précaire dans l'extension urbaine appelée Canaan autour du site funéraire, a dit s'être attendue à davantage de progrès dans la reconstruction six ans après le séisme.

«Je ne crois pas que quelque chose ait changé en Haïti», a-t-elle affirmé, tenant une bouteille d'alcool artisanal et vendant une occasionnelle rasade aux dizaines de résidants de Canaan réunis près du mémorial pour apercevoir M. Martelly, le premier ministre Evans Paul et d'autres responsables avant qu'ils ne quittent rapidement dans un cortège de véhicules.

Alors que le pays de 10 millions d'habitants souligne cet anniversaire, une crise électorale menace la fragile stabilité d'Haïti.

Un deuxième tour de la présidentielle et des législatives sont prévus le 24 janvier, mais l'un des deux candidats à la présidence affirme qu'il n'y prendra pas part en raison d'allégations de fraude et de manipulation du vote lors du premier tour, en octobre. Les autorités électorales indiquent que le nom du candidat Jude Célestin figurera malgré tout sur les bulletins car il ne s'est pas retiré officiellement.