L'Église catholique cubaine a affirmé mercredi qu'il existait bien des prisonniers politiques sur l'île, dont certains purgent de longues peines, ce que nie toujours farouchement La Havane.

«Nous avons bien des prisonniers politiques, des personnes qui purgent de longues peines pour lesquelles j'ai demandé - et je n'arrêterai jamais de le faire -, en tant que représentant de l'Église, une révision», a déclaré Jorge Serpa, l'évêque de Pinar del Rio (ouest), dans un entretien paru dans la revue Palabra Nueva, une publication de l'archidiocèse de La Havane.

Le gouvernement cubain nie l'existence de prisonniers politiques sur l'île et considère comme des délits de droit commun ceux commis par des dissidents ou des membres de l'opposition, en les qualifiant de troubles à l'ordre public ou d'outrages.

Dans cet entretien, Jorge Serpa, responsable de la commission pastorale pénitentiaire de l'Église catholique à Cuba, ajoute qu'il existe des «personnes qui purgent 47, 40 ans de prison. Dans mon groupe il y en a sept de +couleur orange+, qui sont ceux qui purgent des peines à perpétuité, et certains d'entre eux sont des (prisonniers) politiques».

Dans les prisons cubaines, quelque 250 selon l'évêque, il n'existe pas de chapelles. Mais depuis une dizaine d'années, les prêtres peuvent apporter un soutien religieux aux prisonniers qui en font la demande.

Mgr Serpa a nuancé toutefois son propos en estimant que «en dehors» de Cuba, «il y a une grande effervescence (médiatique) et on confond des délinquants avec des prisonniers politiques».

Le procureur général de Cuba, Dario Delgado, a assuré mi-décembre qu'aucun prisonnier politique n'était détenu sur l'île, mais seulement des «dissidents autoproclamés» soutenus par des «organisations contre-révolutionnaires».

Actuellement, la Commission cubaine des droits de l'Homme et de la réconciliation nationale - organisation interdite, mais tolérée par les autorités - dénombre une soixantaine de prisonniers d'opinion sur l'île, mais les grandes organisations telles qu'Amnesty International ne confirment pas ces chiffres.

Les États-Unis et Cuba ont entamé il y a un an un rapprochement historique après plus d'un demi-siècle de brouille héritée de la Guerre froide. Ils ont rétabli en juillet dernier leurs relations diplomatiques et lancé une série de négociations sur l'immigration, les droits de l'homme, les contentieux financiers ou encore la lutte contre le trafic de drogue.