La campagne de manifestations lancée par l'opposition brésilienne pour réclamer la destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff a peu mobilisé dimanche, à l'image de Brasilia où seuls quelques milliers de personnes avaient répondu présentes.

Selon la police, 6000 manifestants (30 000 selon les organisateurs) ont défilé dans la capitale fédérale parcourant, derrière une poupée gonflable de la présidente maquillée en «Pinocchio», l'avenue qui relie le musée de la République au Congrès où, la semaine dernière, députés partisans et adversaires de la destitution en étaient venus aux mains.

Le dispositif policier avait été prévu pour 60 000 manifestants, a indiqué à l'AFP le commandant de la police militaire, Alexandre Sergio.

«Le temps a montré l'incapacité de Dilma (Rousseff) à gouverner. Elle conduit le pays au fond du trou. Il y a des éléments pour un "impeachment". Elle a maquillé les comptes publics», a déclaré à l'AFP, Adriano de Queiroz, un ingénieur de 36 ans.

Ailleurs dans le pays, la mobilisation a également été faible.

À Rio et Sao Paulo, les deux plus grandes villes du Brésil, les manifestations démarraient plus tard en journée.

«Nous attendons moins de monde aujourd'hui, car pour les autres manifestations (de mars, avril et août) nous avions eu deux ou trois mois pour les organiser, a déclaré à Sao Paulo à l'AFP Kim Kataguiri, coordinateur national du Mouvement Brésil Libre, l'un des plus actifs contre le gouvernement. «Celle d'aujourd'hui est un signe que la population revient dans les rues et est attentive au processus d'"impeachment"», a-t-il néanmoins estimé.

À Rio, les manifestants, qui affirmaient être 6000, se sont rassemblés sur la plage de Copacabana, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Destitution maintenant!» ou «Dehors les corrompus!» et «Dehors Dilma!».

«Je suis pour la destitution de Dilma parce que le pays ne changera que si elle quitte le pouvoir», a affirmé à l'AFP, Alaide Nobrega Pereira, une retraitée de 69 ans. «Qu'on mette quelqu'un d'autre à sa place et qu'il remette le pays sur les rails !»

Test de l'insatisfaction populaire

Les manifestations de dimanche étaient considérées comme un test pour mesurer l'insatisfaction populaire qui pourrait peser sur le vote des parlementaires lors de la procédure de destitution de Mme Rousseff, accusée de maquillage des comptes publics.

Avec une cote de popularité de 10 % seulement, la présidente pâtit de la récession économique et du scandale de corruption au sein de la compagnie pétrolière nationale Petrobras qui éclabousse le Parti des travailleurs (PT, gauche).

Le gouvernement qui a constitué un cabinet de crise pour suivre le processus de destitution de la présidente estime que ces manifestations de dimanche seront moins importantes que celles d'août qui avaient réuni 879.000 personnes, selon la police et deux millions selon les organisateurs, dans ce pays de 204 millions d'habitants.

Réélue de justesse fin 2014, Mme Rousseff, qui lutte pour sa survie politique, se dit victime d'une tentative de «coup d'État» institutionnel «sans fondement» juridique, ourdie par une opposition n'ayant pas digéré sa défaite électorale de 2014

Le calendrier de la procédure de destitution n'est pas encore connu : il dépendra de l'annulation ou non des vacances parlementaires, prévues du 22 décembre au 1er février.

Deux tiers des votes des députés (342 sur 513) seront nécessaires pour prononcer la mise en accusation de Mme Rousseff devant le Sénat.