Le libéral Mauricio Macri, élu président de l'Argentine, fils d'un riche entrepreneur, s'est révélé comme président du club de football de Boca Juniors, avant de devenir maire de Buenos Aires et de canaliser le désir de changement des 41 millions d'Argentins.

Après le score inespéré du 1er tour à la tête de sa formation politique Cambiemos (Changeons, NDLR), deuxième à seulement trois points du favori Daniel Scioli, il a remporté le second tour dimanche devant le candidat de la coalition de gauche au pouvoir.

Maire de Buenos Aires depuis 2007, cet homme de 56 ans entend donner un nouvel élan à une Argentine au bord de la récession, comme il a modernisé et dynamisé la capitale durant ses deux mandats.

Aux Argentins, il promet d'être « un président qui parle moins, et qui répond plus aux attentes », en référence aux interminables et fréquents discours de la présidente sortante Cristina Kirchner.

Né le 8 février 1959 à Tandil, petite ville de la province de Buenos Aires, il fait des études d'ingénieur, travaille pour Citibank et dirige pendant une douzaine d'années diverses sociétés du Groupe Macri.

Son père, Franco Macri, est un homme d'affaires italien arrivé en Argentine en 1949, qui a fait prospérer son groupe dans le BTP, l'automobile, l'énergie, les services et l'agriculture.

En 1991, il est enlevé à Buenos Aires par un groupe de malfrats, dont des policiers. Il sera relâché sain et sauf 14 jours plus tard, après le paiement d'une rançon de plusieurs millions de dollars.

Mauricio Macri entretient avec son père des relations orageuses. Ce dernier n'a pas assisté à son troisième mariage. Plutôt que de poursuivre sa carrière dans le groupe paternel, il se consacre au football et au club de son coeur. Enfant, il voulait « être attaquant de Boca ou chanteur ».

Bon gestionnaire

Mauricio Macri a construit sa renommée comme président du mythique club de Boca Juniors, qu'il a dirigé de 1995 à 2007, remportant 17 trophées dont les plus prestigieux - deux Copas Libertadores et une Coupe intercontinentale - avec notamment sous ses ordres l'attaquant Carlos Tevez.

« Des grands moments de bonheur », se souvient-il avec un large sourire.

Sa carrière politique débute en 2003. Il crée alors son propre parti, Engagement pour le changement, et se présente aux élections pour devenir maire de Buenos Aires, mais il est battu. Deux ans plus tard, il est élu député fédéral.

En 2007, il quitte la présidence de Boca et fonde le PRO (Proposition républicaine, droite), formation qui lui permet de conquérir la mairie de Buenos Aires.

« Macri en France, serait gaulliste, ce n'est pas un ultralibéral comme Carlos Menem. Il a organisé son parti comme un ingénieur, comme un club, et c'est lui qui le dirige », observe le politologue Mariano Aguas.

« Sa gestion comme maire de Buenos Aires a été bonne, et l'électorat l'a dit dans les urnes. Et présider Boca, ce n'est pas rien : il a imposé transparence, il a réorganisé le club. C'est un bon gestionnaire », ajouté le politologue.

Dressant le constat que sa notoriété ne s'étend pas à l'ensemble du pays, il scelle début 2015 une alliance électorale avec l'Union civique radicale (UCR, centre gauche). Ce parti historique à l'agonie dispose de ce qu'il manque au PRO : un réseau national.

Le projet aboutit et l'UCR, parti de l'ancien président Raul Alfonsin (1983-1989), intègre la coalition Cambiemos. Un pari gagnant car l'amalgame a pris.

M. Macri et son adversaire du second tour Daniel Scioli sont de bons amis, tous deux issus de l'élite économique du pays. Il passe ses étés à Punta del Este, station balnéaire chic de l'Uruguay voisin, voyage régulièrement aux États-Unis ou en Europe. Belles femmes, belles voitures, il mène une vie aux antipodes du quotidien des Argentins.

Il a trois enfants de son premier mariage à l'âge de 22 ans. Il a ensuite épousé deux mannequins, dont sa femme actuelle, Juliana Awada, 41 ans, qui a créé une marque de prêt-à-porter. Ils ont une fille de trois ans.