Des craintes sur la possible rupture d'un troisième barrage minier de l'entreprise Samarco, dans le sud-est du Brésil, ont contraint mercredi à évacuer plusieurs familles dans la zone de la catastrophe de Mariana.

«Plusieurs familles sont en train d'être évacuées par mesure de sécurité», pendant que Samarco effectue des travaux de consolidation du barrage de Germano, a déclaré un porte-parole du gouvernement de l'État de Minas Gérais à l'AFP.

Des sanctions financières ont été annoncées dans la soirée contre Samarco.

La rupture jeudi de deux barrages de Samarco avait libéré une gigantesque coulée de boue gluante de 60 millions de mètres cubes, ensevelissant en quelques minutes le petit village de Bento Rodrigues.

La catastrophe a fait huit morts et une vingtaine de personnes sont toujours portées disparues, dont 11 employés de la mine, selon le dernier bilan provisoire des pompiers.

«À briser le coeur»

Six jours après le drame, les patrons des géants miniers brésilien Vale et australien BHP Billiton, actionnaires de Samarco à parts égales, se sont rendus sur place pour, disent-ils, «comprendre l'ampleur des conséquences de la rupture des barrages et voir comment nous pouvons apporter une aide additionnelle».

«Je déplore beaucoup ce qui s'est passé», a déclaré le patron de BHP, venu d'Australie. «C'est à briser le coeur».

Les familles évacuées près du barrage de Germano l'ont été «à titre préventif pour garantir la sécurité des habitants», a précisé dans un communiqué le gouvernement de l'État de Minas Gérais.

Les recherches d'éventuels survivants et de victimes vont être «re-planifiées pendant l'intervention» de Samarco sur le barrage menaçant de céder, ont précisé les autorités, dans un souci apparent de protéger également les secouristes.

Le président de Samarco, Ricardo Vescovi, a expliqué que des pompiers renforçaient la structure de l'ouvrage. «Les structures sont stables, mais il est nécessaire de renforcer la sécurité d'une des parois du barrage», a-t-il déclaré en conférence de presse.

Le drame de Mariana, dont les causes ne sont pas encore connues, est considéré comme l'une des pires catastrophes minières de l'histoire du Brésil.

La gigantesque coulée boueuse de résidus de minerai de fer a parcouru en une semaine plus de 450 km en direction de l'État d'Espirito Santo et se dirigeait vers l'océan à travers le bassin de la rivière Rio Doce.

Elle a inondé des localités et ravagé des zones de cultures et de forêts protégées. L'approvisionnement en eau de nombreuses municipalités de Minas Gérais et d'Espirito Santo a été suspendu en raison de la pollution des rivières.

Les autorités de Minas Gérais, coeur minier du Brésil, ont suspendu lundi jusqu'à nouvel ordre toutes les activités minières de Samarco.

«Des sanctions» 

«Nous ne pouvons pas reconstruire la vie des personnes qui ont perdu leurs êtres chers», ont déclaré dans un communiqué conjoint les patrons de Vale et BHP. «Mais nous nous engageons avec force pour appuyer tous les efforts de Samarco» visant à réparer les conséquences du drame.

Ils se sont notamment engagés à aider à la création, «dans les plus brefs délais», d'un fonds d'urgence pour les travaux de reconstruction et l'aide aux familles affectées, en coordination avec les autorités.

Ils ont promis de reloger les 631 personnes qui ont dû être évacuées et relogées provisoirement dans des hôtels de Mariana après avoir perdu leurs habitations. A plus long terme, ils ont promis de contribuer à la reconstruction de Bento Rodrigues au même endroit ou sur un autre site.

«Samarco ne fait pas partie de Vale, c'est une entreprise indépendante qui a sa propre gouvernance», a toutefois souligné le président de Vale, Murilo Ferreira.

Samarco a été condamné à verser une amende de 100 millions de reals (27 millions de dollars), 50 millions pour la coulée de boues dans le Rio Doce et 50 millions pour les dommages sur la biodiversité, a annoncé mercredi soir la présidente de l'Institut national de l'Environnement (Ibama), Marilene Ramos, citée par le quotidien local Estado de Minas.

La ministre de l'Environnement, Isabelle Texeira, avait appelé au durcissement de la législation et des contrôles. «Il y aura des sanctions», avait-elle averti.