Un groupe de victimes et d'opposants au pouvoir vénézuélien a déposé une plainte devant la Cour pénale internationale (CPI), demandant l'ouverture d'une enquête préliminaire pour «crimes contre l'humanité» contre le président Nicolas Maduro, a annoncé mercredi à Madrid l'opposant Carlos Vecchio.

«Nous avons présenté formellement (mardi) une requête pour que la cour ouvre une enquête préliminaire visant de hauts fonctionnaires, en particulier Maduro, car nous estimons que des crimes contre l'humanité ont été commis», a déclaré Carlos Vecchio lors d'une conférence de presse à Madrid. À La Haye, une source de la CPI a confirmé le dépôt de cette requête.

La requête, qui a été faite au nom d'un groupe de victimes parmi lesquelles Carlos Vecchio, vise huit hauts fonctionnaires vénézuéliens dont le président, a affirmé l'opposant. Il a refusé de donner davantage de détails, «pour des raisons de confidentialité» et de stratégie judiciaire.

«Nous sommes convaincus que les critères du Statut de Rome pour les crimes contre l'humanité sont réunis», a dit le coordinateur du parti d'opposition Volonté populaire, qui vit en exil aux États-Unis, avant d'évoquer des «assassinats, tortures, emprisonnements illégaux, persécutions, traitements inhumains».

Le chef de son parti, Leopoldo Lopez, purge depuis février 2014 une peine de près de 14 ans de prison au Venezuela pour «incitation à la violence» lors de manifestations antigouvernementales qui avaient fait 43 morts et des centaines de blessés en 2014.

Cette requête intervient à moins d'un mois des élections législatives dans le pays sud-américain, le 6 décembre, où le parti du président pourrait perdre le pouvoir selon des sondages, après 16 ans de gouvernement.

Le rapport présenté à la CPI dénonce plus de 30 homicides présumés, 3700 emprisonnements que l'opposition juge illégaux, près de 400 cas de torture et 800 de personnes blessées depuis février 2014.

La CPI doit décider ou non de lancer une enquête préliminaire sur la base de ces dénonciations. Une procédure qui dure habituellement de trois à six mois, mais Vecchio a souligné l'urgence de sa demande, alors que le président Nicolas Maduro doit prononcer jeudi un discours devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, dont le Venezuela est l'un des 47 membres.