Le chef des Farc, Timochenko, a averti que la paix en Colombie pourrait prendre plus que les six mois annoncés par cette guérilla et le gouvernement, qui négocient la fin au conflit armé qui dure depuis plus d'un demi-siècle.

« Six mois, ce peut être court. Nous pouvons y arriver avant si la volonté est là. Mais ces six mois peuvent aussi être courts, c'est-à-dire que nous n'aboutissions pas à l'accord définitif », a déclaré le chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) dans une interview diffusée mardi à 20 h locales (1 h GMT) par la chaîne Telesur.

Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre de Timoleon Jiménez ou Timochenko, a fait ainsi référence à la date limite du 23 mars 2016 fixée lors de sa rencontre inédite avec le président colombien Juan Manuel Santos mercredi dernier à La Havane, après la signature d'un agrément judiciaire, point clé des pourparlers de paix entamés en novembre 2012.

« Il y a des questions auxquelles il sera possible de répondre s'il y a une réelle décision politique de s'y confronter, mais qui vont prendre beaucoup de temps s'il y a des obstacles », a-t-il ajouté lors de cette entretien avec l'ex-sénatrice colombienne et militante de gauche Piedad Cordoba.

Affirmant vouloir la paix pour la Colombie « le plus tôt possible », il a précisé qu'à l'origine il était « extrêmement opposé au fait de fixer des dates. Mais bon, on m'a convaincu et voilà ».

Timochenko, à la tête des Farc depuis 2011, a qualifié M. Santos d'« allié pour la paix » et réaffirmé l'engagement des Farc dans ce processus. « Je peux assurer qu'il n'y a pas un seul guérillero (...) pas un dirigeant, ni un combattant qui ait exprimé un désaccord ».

Il a appelé à poser les bases afin de poursuivre « la lutte pour la terre, le développement rural, les services publics en ville et un meilleur service de santé », mais « sans échange de coups de feu ».

« Je ne me consacre plus à la guerre », a-t-il affirmé, en appelant à « défendre l'héritage » du président vénézuélien Hugo Chavez, décédé en 2013, selon lui « un grand homme » qui « dégageait de l'amour ».

Telesur, chaîne d'information basée à Caracas, a précisé dans un communiqué que cette interview exclusive de trois heures s'était tenue à La Havane.

Dans un communiqué publié sur le portail de leur délégation à La Havane, les Farc ont reproché au gouvernement colombien de tergiverser sur l'accord sur le sort judiciaire des combattants que la guérilla et Bogota ont conclu mercredi.

Ce texte, censé ouvrir la voie dans les six mois à la conclusion d'un accord de paix global, « est un accord signé, par conséquent il ne peut être modifié en aucun de ses points », et « on ne peut accepter pour quelque motif que ce soit une interprétation unilatérale de ce qui a été décidé », déclarent les Farc dans ce communiqué.

Depuis près de trois ans, le gouvernement colombien et les Farc négocient la fin d'un conflit complexe, qui a fait au moins 220 000 morts et six millions de déplacés, et durant lequel se sont affronté guérillas d'extrême gauche, forces armées régulières et paramilitaires d'extrême droite.