Seuls trois députés sur 119 ont été élus dès le premier tour des législatives en Haïti et le scrutin devra être réorganisé dans une vingtaine de circonscriptions en raison des violences ayant entaché la première consultation dans l'île en quatre ans.

Aucun des 20 postes de sénateurs n'a en outre été pourvu à l'issue du premier tour de scrutin, selon les résultats fournis par le conseil électoral provisoire (CEP) dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le premier tour des législatives du 9 août, visant à élire l'intégralité des députés et deux tiers du Sénat dans le pays le plus pauvre de la Caraïbe et du continent américain, a été marqué par une très faible participation, 18 % à l'échelle nationale.

Les élections devront être réorganisées dans 25 des 119 circonscriptions, en raison des violences qui ont perturbé le scrutin et entraîné la fermeture anticipée de dizaines de bureaux de vote. Deux personnes avaient été tuées dans des violences le jour du scrutin.

La mission d'observation électorale de l'Union européenne avait critiqué la précarité de l'organisation du premier tour des législatives, que des organisations haïtiennes de défense des droits de l'homme ont qualifiée de non-démocratique.

Candidats et partis politiques ont désormais trois jours pour contester ces résultats auprès des tribunaux électoraux qui devront rendre leur verdict sous un délai maximum d'une semaine.

Selon une nouvelle règle introduite à la loi électorale, certains prétendants à un poste parlementaire pourraient être, par ailleurs, déclarés élus sans avoir obtenu la majorité des votes exprimés, dans le cas où l'écart avec leur concurrent direct dépasse les 25 %.

Le CEP a d'ores et déjà exclu 16 candidats, accusés d'avoir empêché la bonne tenue du scrutin le 9 août. Tirs à l'arme automatique à proximité de bureaux de vote, saccages des urnes ou encore agression armée d'un membre du personnel électoral: pour ces méfaits, ils risquent des peines de prison de 6 mois à 5 ans, des amendes et «la perte des droits civils et politiques pendant cinq ans au moins et dix ans au plus».

Marathon électoral

Ces élections législatives sont le premier scrutin organisé en Haïti depuis l'arrivée au pouvoir du président Michel Martelly en mai 2011.

L'île s'est lancée dans un marathon électoral : le 25 octobre prochain se tiendront le deuxième tour des législatives, le premier tour de la présidentielle ainsi que toutes les élections locales.

Un véritable défi logistique pour le pays. Le 9 août dernier, beaucoup d'écoles, converties en bureaux de vote, ne disposaient pas de l'espace nécessaire pour permettre aux citoyens d'exercer leur droit civique dans de bonnes conditions.

Le 25 octobre, pour la tenue de l'ensemble des scrutins, ce ne sont plus seulement deux urnes, mais sept qui auront à être placées dans les mêmes locaux exigus.

Dans une interview accordée à l'AFP, Sandra Honoré, chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), a déclaré que le conseil électoral provisoire (CEP) «aura à revoir la disposition des bureaux de vote pour pouvoir assurer que les électeurs ont un peu plus de facilité au moment d'exercer leur droit démocratique».

L'aide que la communauté internationale offre à Haïti pour l'organisation de ces scrutins est indispensable. Les deux-tiers du budget électoral ont été fournis par les bailleurs étrangers.

Les agences onusiennes présentes en Haïti aident le CEP à collecter les bulletins et urnes à travers l'ensemble du territoire, particulièrement dans les régions enclavées du pays.

Les contingents policiers et militaires de la Minustah sont également mobilisés pour appuyer les policiers haïtiens en cas de débordements durant le processus électoral.