Le parlement péruvien a adopté jeudi à l'unanimité un projet de loi autorisant l'armée de l'air à intercepter et abattre les aéronefs utilisés pour le trafic de drogue.

Pour être appliqué, le texte doit encore être promulgué par le président Ollanta Humala dans un délai maximum de 15 jours.

Cette stratégie de lutte contre le narcotrafic avait été mise en place et appliquée en coopération avec les États-Unis dans les années 1990, mais avait été suspendue en 2001, quand un avion de chasse péruvien avait abattu par erreur une avionnette dans laquelle se trouvaient des missionnaires américains, faisant deux morts.

Le projet de loi, voté jeudi, autorise la force aérienne péruvienne «à abattre les aéronefs contre lesquels existent une preuve ou un soupçon raisonnable de leur implication dans le narcotrafic».

L'autorisation de tirer sera donnée après que l'appareil suspect aura été déclaré hostile et dans le cas où il ne respecterait pas les instructions des avions intercepteurs de l'armée péruvienne.

«Il s'agit que nos Forces armées puissent, en accord avec les protocoles internationaux et dans des cas extrêmes, abattre des aéronefs, à l'image des avionnettes qui transportent de la drogue vers d'autres pays», a expliqué le président du parlement, Luis Iberico.

Selon le député Carlos Tubino, auteur du texte, le Pérou enregistre chaque année entre 600 et 1000 vols clandestins d'avionnettes de narcotrafiquants, provenant à 90% de Bolivie.

Le Pérou dispose depuis mai dernier d'un radar de fabrication américaine, installé à Puerto Maldonado (sud-est) et qui permet de détecter des vols illicites dans un rayon de 450 km.

Il peut ainsi contrôler la vallée des fleuves Apurimac, Ene et Mantaro (Vraem), qui reste la plus grande zone de production de feuilles de coca au Pérou, où les forces armées combattent depuis plus de 20 ans les trafiquants de drogues et les troupes rémanentes du Sentier lumineux, la guérilla maoïste des années 1980-2000, aujourd'hui alliée au narcotrafic, selon les autorités.

Selon l'ONU, le Pérou, un des premiers producteurs mondiaux de cocaïne, a réduit de près 14% ses cultures de feuilles de coca en 2014, de 49 800 à 42 900 ha.