La police brésilienne a interpellé lundi José Dirceu, ex-chef de cabinet de l'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dans le cadre de l'enquête sur le vaste scandale de corruption autour du groupe pétrolier public Petrobras.

Le procureur Carlos Fernando dos Santos Lima, responsable de l'enquête, a décrit M. Dirceu, chef de cabinet de Lula entre 2003 et 2005, comme l'un des présumés «instigateurs» du système de corruption mis en place au sein de Petrobras, qui ébranle les élites d'affaires et politiques du pays, lors d'une conférence de presse à Curitiba, au sud du pays.

Le parquet accuse M. Dirceu d'avoir reçu et canalisé illicitement au moins 39 millions de réais (11,7 millions de dollars) versés par des entreprises impliquées dans le scandale Petrobras à son entreprise de consulting JD Assesoria, en échange de prestations que les enquêteurs estiment fictives.

En plus de l'arrestation de M. Dirceu, déjà condamné dans l'affaire de corruption dite du «Mensalao», quelque 200 policiers ont procédé à un total de 13 arrestations à Brasilia, Rio de Janeiro et Sao Paulo pour des délits présumés de «corruption active et passive, formation d'organisation criminelle et blanchiment d'argent», a précisé la police dans un communiqué.

«C'est une opération qui vise M. Dirceu bien au-delà de son rôle de bénéficiaire, mais en tant que créateur du système Petrobras à l'époque où il était chef de cabinet dans le gouvernement de l'ancien président Lula», a encore déclaré le procureur.

«Je crois que nous arrivons à l'un des dirigeants principaux qui ont mis en place le système (frauduleux) Petrobras, qui, à l'époque où il était chef de cabinet a permis, accepté que ce système existe», et dont «je crois qu'il a également profité», a-t-il ajouté.

À un journaliste qui lui demandait si l'ex-président Lula (2003-2010) pourrait être à son tour inquiété, le procureur dos Santos Lima a répondu : «Aucune personne n'est à l'abri d'être visée par une enquête. Il y a des investigations en cours. La plupart dans le secret».

M. Dirceu purge actuellement à domicile une peine de sept ans de prison dans le cadre du «Mensalao», un vaste scandale de versements par le Parti des travailleurs (PT, gauche au pouvoir) de pots-de-vin à des députés alliés en échange de leur appui politique au parlement.

Selon les enquêteurs de l'affaire Petrobras, l'ancien bras droit et compagnon de route politique de Lula, aurait continué à recevoir des sommes illicites alors qu'il était détenu dans l'affaire du «Mensalao» avec l'aide de son frère.

L'implication présumée de M. Dirceu, est un nouveau coup dur pour le PT au pouvoir, dont l'ancien trésorier Joao Vaccari Neto est déjà en détention provisoire dans ce dossier.

Le PT a dit «réfuter les accusations selon lesquelles il aurait effectué des opérations financières illégales et participé à un quelconque système de corruption», dans un communiqué signée de son président Rui Falcao.

«Toutes les donations au PT se sont strictement inscrites dans la légalité par l'intermédiaire de virements bancaires qui ont été postérieurement déclarés à la justice électorale».

À ce jour, outre plusieurs dirigeants des plus grosses entreprises de construction du pays et d'anciens directeurs de Petrobras, 13 sénateurs et 22 députés sont visés par cette enquête tentaculaire.

Petrobras a estimé ses pertes liées à ce scandale à au moins deux milliards de dollars.

Ce scandale, conjugué à la récession économique qui frappe le pays, a fait plonger à un plancher record de 7,7% le taux d'approbation du gouvernement de Dilma Rousseff, contre qui des organisations de droite ont appelé à manifester le 16 août à travers tout le pays.