Sept fonctionnaires de la prison mexicaine de haute sécurité d'Altiplano, d'où s'est évadé le baron de la drogue Joaquin «El Chapo» Guzman, ont été inculpés et placés en détention, ont annoncé vendredi les autorités mexicaines.

Dans le cadre de l'enquête en cours, 22 fonctionnaires, dont le directeur de l'établissement, avaient été placés en garde à vue dimanche dernier, les autorités cherchant à déterminer si Guzman, puissant chef du cartel de Sinaloa, avait pu bénéficier de complicités internes.

À l'issue de leur garde à vue, sept employés ont été inculpés «et conduits à un centre de détention fédéral», a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

Il s'agit de fonctionnaires qui étaient chargés de surveiller les images des deux caméras filmant la cellule de Guzman au soir de son évasion, ainsi que d'autres employés qui se trouvaient de garde ce soir-là, selon un fonctionnaire qui a demandé à garder l'anonymat. Ils ont été accusés de délit d'évasion de prisonnier.

Le directeur de la prison, qui a été limogé après la fuite de El Chapo, ne figure pas parmi les personnes incarcérées, mais certains fonctionnaires sont toujours interrogés, a précisé la même source.

Les 15 autres personnes qui avaient été placées en garde à vue dimanche ont pour le moment été libérées.

Il avait fallu 18 minutes aux gardiens de la prison pour se rendre compte de la disparition du chef du cartel de la drogue et pour donner l'alerte, avait révélé jeudi soir le ministre de l'Intérieur Miguel Angel Osorio Chong lors d'une conférence de presse.

«Pleinement confiant»

De retour d'une visite d'État en France, le président mexicain Enrique Peña Nieto s'est dit vendredi «pleinement confiant» dans le fait que les forces de l'ordre parviendront à recapturer le fugitif, dont l'évasion a suscité indignation et frustration dans tout le pays.

«J'ai confiance, je suis optimiste», a-t-il déclaré sur un ton très offensif après s'être réuni avec son cabinet de sécurité et la procureure générale.

«La seule manière de réparer le tort causé (par cette évasion) est d'arrêter de nouveau ce délinquant», a-t-il ajouté.

M. Peña Nieto a indiqué que les complicités «seront punies par la loi», précisant également qu'il avait demandé de renforcer la sécurité et la surveillance dans les centres pénitenciers.

Des images de télésurveillance diffusées cette semaine par le gouvernement ont montré «El Chapo» faisant les cent pas samedi soir avant de s'accroupir derrière le muret séparant la douche du reste de sa cellule et disparaître.

Guzman a ensuite parcouru sur une moto fixée sur des rails un tunnel de 1,5 kilomètre creusé par ses complices, débouchant sur une maison en construction au milieu des champs.

Il s'agit de la deuxième évasion en 14 ans de El Chapo. Elle a porté un coup très dur au gouvernement du président Peña Nieto, qui avait depuis son élection accumulé plusieurs succès dans la lutte contre les cartels de la drogue.