Le président de la chambre des députés brésilienne, Eduardo Cunha, a annoncé vendredi avec fracas son passage à l'opposition, aggravant une profonde crise politique qui pourrait menacer la coalition au pouvoir de la présidente de gauche Dilma Rousseff, dont il est un membre éminent.

«Sachez que le président de la chambre est aujourd'hui un opposant» et que «je vais demander à mon parti qu'il passe à l'opposition», a déclaré à la presse ce membre important du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), grand parti centriste allié parlementaire incontournable du Parti des travailleurs (PT) au pouvoir depuis 2003.

Eduardo Cunha, déjà pratiquement en guerre ouverte contre Dilma Rousseff depuis qu'il a été élu en février à la tête de la chambre basse, a fait ces déclarations fracassantes au lendemain de sa mise en cause dans le scandale de corruption Petrobras.

Il a été accusé par l'un des suspects repentis d'avoir exigé et touché 5 millions de dollars de pots-de-vin, ce qu'il a démenti avec véhémence jeudi, en suggérant que son accusateur était instrumentalisé par le parquet général de l'État, sous l'influence de la présidence, pour lui nuire.

La police fédérale brésilienne enquête sur les délits de formation de cartel, fraudes dans des appels d'offres, corruption, détournements de fonds publics et blanchiment d'argent, une investigation qui touche 13 sénateurs, 22 députés et deux gouverneurs en poste de six partis politiques.

Selon cette enquête, des entreprises se répartissaient de 2004 à 2014 les marchés du géant pétrolier Petrobras en payant à tour de rôle des pots-de-vin à des directeurs de la compagnie en échange de contrats.

Une partie de ces commissions était reversée à des personnalités politiques, en majorité des députés ou sénateurs de la coalition de centre gauche au pouvoir.