Le gouvernement mexicain va offrir une récompense de 3,8 millions de dollars pour la capture du baron de la drogue en cavale Joaquin «El Chapo» Guzman, a annoncé lundi soir le ministre de l'Intérieur Miguel Angel Osorio Chong.

«El Chapo», l'un des narcotrafiquants les plus puissants au monde qui s'est échappé samedi soir de la prison à haute sécurité d'Altiplano, «a sans doute bénéficié de complicités» au sein de l'établissement, a ajouté le ministre. «Si c'est bien le cas, il s'agit d'un acte de trahison».

Trois responsables de haut niveau de cette prison, située à 90 kilomètres de Mexico, ont été limogés et une trentaine d'employés sont actuellement interrogés, a-t-il indiqué.

Une photo récente de Guzman a été montrée sur laquelle le criminel apparaît sans moustache, les cheveux rasés. Le ministre a promis de diffuser également les images de vidéo-surveillance sur lesquelles apparaît «El Chapo» juste avant son évasion.

Le leader du cartel de Sinaloa était surveillé 24 h sur 24 à l'aide de caméras, mais «par respect pour son intimité», il existait des «angles morts» dans sa cellule dont il a profité. La prison était équipée de 750 caméras et répondait aux normes internationales, selon le ministre.

Le fugitif portait également un bracelet électronique qu'il a coupé avant de disparaître dans le tunnel.

«Nous allons pourchasser ce criminel sans répit», a ajouté M. Osorio Chong.

Course contre la montre

Une vaste chasse à l'homme a été lancée dès sa disparition samedi soir, et se poursuit actuellement dans une dizaine d'États du pays.

Le gouvernement a offert une récompense de 3,8 millions de dollars pour sa capture, soit le double des sommes habituellement offertes par les autorités mexicaines pour la capture des criminels les plus recherchés.

Le soutien d'Interpol a été demandé afin d'élargir la recherche à plus d'une centaine de pays.

Les autorités américaines se sont dites «profondément préoccupées» par l'évasion de ce criminel qui contrôlait plus de 75 % du trafic de drogue vers leur pays avant son arrestation. Elles considèrent sa capture comme une «priorité», a affirmé lundi le porte-parole du département d'État.

L'évasion de Guzman a été annoncée au président Peña Nieto alors qu'il se rendait en France pour une visite d'État de quatre jours.

Retour en force de son cartel

Plus de 48 heures après son évasion, «El Chapo» reste introuvable.

«S'il n'est pas capturé dans les 48 heures, il va pouvoir reprendre le contrôle total du cartel de Sinaloa» indiquait dimanche à l'AFP Mike Vigil, ancien chef des opérations internationales au sein de l'agence antidrogue américaine (DEA).

Selon l'expert, le fugitif pourrait tenter de se cacher dans les montagnes de l'État de Sinaloa, sa région natale, où il bénéficie «de la protection des villageois».

«El Chapo», diminutif de «chaparro» («courtaud»), allusion à sa taille de 1,64 mètre, s'était déjà évadé d'une prison à haute sécurité en 2001.

De nouveau en liberté, «El Chapo» pourrait rétablir rapidement l'hégémonie de son cartel, aidé en cela par la chute de plusieurs autres chefs criminels durant son incarcération, estiment les spécialistes.

«El Chapo est un conquérant, il veut contrôler tout le Mexique en matière de trafic de drogue» selon M. Vigil. Son retour aux affaires pourrait ainsi se traduire par une recrudescence des violences entre les groupes criminels sur tout le territoire.