Des organisations d'exilés cubains ont affirmé mercredi à Miami que la répression dans l'île des Caraïbes avait augmenté de manière «dramatique», La Havane ayant un sentiment d'«impunité» grâce à son rapprochement avec les États-Unis.

«Nous avons vu ces dernières semaines, et particulièrement ces derniers jours, un durcissement de la répression à Cuba», a indiqué Orlando Gutierrez Boronat, du Directorio democratico cubano, lors d'une conférence de presse.

Selon lui, sur la seule journée de dimanche dernier, les organisations à Miami ont reçu le signalement de plus d'une centaine d'arrestations de militants, ainsi que d'une augmentation des violences contre les opposants et leurs domiciles.

«Il y a un lien direct entre la politique de normalisation des relations du régime castriste (et les États-Unis) et le renforcement de la répression. Pourquoi? Parce que le régime a un sentiment d'impunité», a-t-il relevé.

À La Havane, le dissident Elizardo Sanchez a confirmé l'arrestation «d'une centaine» de personnes en marge de la marche dominicale des Dames en Blanc, groupe formé en 2003 par des épouses de prisonniers politiques.

Comme c'est le cas habituellement, celles-ci ont toutes été relâchées quelques heures plus tard, a rapporté M. Sanchez, président de la Commission cubaine des droits de l'homme (CCDH, interdite, mais tolérée par Cuba).

Les manifestations des Dames en Blanc chaque dimanche devant une Église de la capitale sont autorisées depuis 2010, mais débouchent parfois sur des arrestations pour des «débordements» présumés.

Les États-Unis et Cuba ont amorcé, sous l'égide du pape François, un dégel historique depuis l'annonce surprise du 17 décembre dernier des présidents Barack Obama et Raul Castro en vue d'une normalisation complète entre les deux ennemis de la Guerre froide. À cela s'est ajoutée la récente visite du président français François Hollande sur l'île.

Autant d'éléments qui sont interprétés par la «dictature» comme un «feu vert pour écraser l'opposition et recevoir des investissements étrangers», a estimé M. Boronat.

À la veille d'un nouveau cycle de discussions entre Washington et La Havane, la secrétaire d'État adjoint pour l'Amérique latine Roberta Jacobson a concédé mercredi que la question épineuse des droits de l'homme et de la démocratie demeurait la principale pierre d'achoppement entre les deux pays.

«Nous continuons de faire part de nos inquiétudes relatives à la démocratie, aux droits de l'homme et à la liberté d'expression», a-t-elle déclaré devant la commission des Affaires étrangères du Sénat.