Les autorités françaises ont annoncé avoir mis mercredi la main sur 2,2 tonnes de cocaïne, une prise record pour les douanes, dans un voilier au large de la Martinique, au terme d'une opération internationale qui a duré deux ans.

Trois suspects, deux Espagnols et un Vénézuélien, ont été interpellés à bord de ce bateau, a déclaré samedi à l'AFP le responsable Antilles-Guyane de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED), Michaël Lachaux.

Il y avait au total 2,2 tonnes de cocaïne, a précisé pendant une conférence de presse à Fort-de-France le procureur de la République Eric Corbaux, précisant que la drogue était samedi en cours de destruction, sous haute surveillance.

La valeur de la cargaison saisie est estimée à 70 millions d'euros, a expliqué pour sa part Simon Riondet, chef de l'antenne Caraïbes de l'Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis).

«Il s'agit d'un record pour la douane et la police», selon le responsable de la DNRED. La plus importante prise de «blanche» par les autorités françaises (4,3 tonnes) avait été réalisée en novembre 2006 sur un cargo panaméen par la Marine nationale, déjà au large de la Martinique.

La région des Caraïbes est une plaque tournante du trafic de drogue, proche des trois principaux pays producteurs (le Pérou, la Colombie et la Bolivie), qui produisent à eux seuls environ 1.000 tonnes de cocaïne par an, dont près du quart est destiné à l'Europe. La saisie de cette semaine «illustre la stratégie du bouclier qui consiste à protéger l'Europe en agissant au plus près des zones de production de la cocaïne», s'est félicité Simon Riondet.

Cette opération est le fruit d'une enquête de deux ans menée par le renseignement douanier français, en lien avec des services espagnols et britanniques.

Elle a mobilisé un avion et deux vedettes garde-côtes des douanes mercredi soir, à quelque 200-220 kilomètres au large de la Martinique. «Les trois suspects, qui se trouvaient à bord d'un voilier de 20 mètres, ont refusé de se soumettre au contrôle. Nous avons dû faire stopper le bateau de nuit, par une mer déchaînée», a raconté à l'AFP Michaël Lachaux, de la DNRED.

Dans le voilier, le «Silandra», qui naviguait sous un faux pavillon américain, les forces de sécurité ont trouvé pas moins de 80 ballots dans lesquels la cocaïne était conditionnée.

Les deux Espagnols interpellés étaient «défavorablement connus» des services de douanes et de police pour des affaires de trafic de stupéfiants, selon Michaël Lachaux. Le nom de l'un d'eux est lié à des «faits de terrorisme dans les années 80», a-t-il ajouté, évoquant l'organisation séparatiste basque ETA. «C'est un profil que l'on retrouve de temps en temps, d'anciens terroristes qui se recyclent dans des activités de contrebande», a-t-il commenté.