L'étau se resserre autour du Parti des travailleurs (PT) de la présidente Dilma Rousseff au Brésil, dont le trésorier Joao Vaccari a été placé en détention mercredi dans le cadre de l'enquête sur le scandale de corruption autour du géant pétrolier Petrobras, dans lequel il a déjà été mis en examen.

Joao Vaccari, accusé de blanchiment d'argent et d'avoir perçu des pots-de-vin, ce qu'il nie, «a été arrêté à Sao Paulo» mercredi matin et a été transféré à Curitiba (Parana), où le juge de première instance Sergio Moro a ouvert une procédure à son encontre, a précisé un porte-parole de la police.

Fin mars, la justice avait annoncé son renvoi devant les tribunaux en compagnie de 26 autres accusés dans ce scandale aux nombreuses ramifications. Mais il avait été laissé en liberté.

Cet ordre de détention préventive a été prononcé par besoin «de faire cesser une série de délits, ainsi que par la gravité des faits auxquels il a activement participé», a précisé le parquet dans un communiqué.

«Il était également nécessaire de s'assurer qu'il n'exercerait pas de pressions politiques ni ne s'opposerait à l'enquête, dans la mesure où il a été maintenu en fonction après les accusations portées contre lui», a ajouté le parquet.

Opérateur du PT?

La détention de cet homme fort du parti au pouvoir depuis 12 ans place de nouveau sous les projecteurs le gouvernement de Dilma Rousseff, en difficulté depuis qu'elle a entamé son second mandat en janvier.

Plusieurs accusés, qui collaborent avec la justice dans l'espoir d'obtenir une réduction de peine, ont affirmé que M. Vaccari opérait pour le compte du PT dans ce réseau de corruption.

Selon eux, il recevait des pots-de-vin, se réunissait clandestinement avec des financiers spécialistes du blanchiment, détenait des comptes bancaires au nom de membres de sa famille et détournait le pourcentage surfacturé à des entreprises du BTP qui obtenaient des contrats avec Petrobras au bénéfice du PT.

Au cours d'une conférence de presse à Curitiba, le procureur Carlos Fernandes Santos Lima a évoqué «des dépôts non identifiés» pour un montant d'environ 100 000 dollars sur trois ans sur des comptes de proches de M. Vaccari.

Selon lui, le trésorier du PT «apparaît comme un opérateur représentant un parti» au sein du scandale Petrobras. «Nous avons des indices que ce schéma se répétait dans d'autres organismes publics», a-t-il ajouté.

Selon la police, quatre milliards de dollars auraient circulé dans ce réseau au cours de la dernière décennie.

Le PT a déclaré mercredi que la détention du trésorier était «injustifiée puisque depuis le début de l'enquête il s'est toujours mis à la disposition des autorités» policières pour répondre à leurs questions.

Il «réaffirme sa confiance en l'innocence de  João Vaccari (...) jusqu'à preuve du contraire» et souligne que «pour des raisons pratiques» M. Vaccari a demandé à être écarté de ses fonctions de trésorier.

Nettoyage 

Le PT a été fondé en 1980, à la fin de la dictature, par l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), qui a été métallurgiste et syndicaliste.

L'enquête sur ce vaste système de fraude autour de Petrobras, principale entreprise et premier investisseur du pays qui faisait jusque là l'orgueil des Brésiliens, tend à savoir s'il a financé la première campagne électorale qui a porté Mme Rousseff, dauphine de Lula, au pouvoir en 2010.

«Petrobras tient bon, a nettoyé ce qu'elle devait nettoyer. Elle a renvoyé tous ceux qu'elle devait renvoyer et qui ont profité de leur position pour s'enrichir», a déclaré la présidente brésilienne la semaine dernière.

Réélue difficilement en novembre pour un second mandat de quatre ans, Dilma Rousseff est au plus bas dans les sondages, avec un taux d'approbation d'à peine 13%.

La trame du scandale dénommé «petrolao», dévoilée il y a un peu plus d'un an, a mis au jour un réseau de versement de pots-de-vin en échange de contrats destinés à financer des partis, qui implique des entreprises de construction, d'anciens hauts dirigeants de Petrobras et des hommes politiques membres du PT et des partis de la coalition gouvernementale.