Des appels à manifester contre la présidente de gauche Dilma Rousseff ont été lancés pour dimanche dans tout Brésil, alors que l'économie ralentit et que le scandale de corruption du géant pétrolier Petrobras bat son plein.

Réélue de justesse en octobre pour un second mandat entamé au 1er janvier, l'ancienne guérillera a vu sa popularité chuter de 19 points en février, à 23% d'opinions favorables.

L'économie connaît une faible croissance depuis quatre ans et stagne aujourd'hui, avec une inflation à 7,7% au cours des 12 derniers mois et un réal qui s'est déprécié de 30% en un an face au dollar. Le gouvernement a mis en place un ajustement budgétaire qui mécontente la gauche.

Dimanche dernier, le discours télévisé de la présidente pour expliquer cet ajustement a été accueilli par des concerts de casseroles dans les quartiers aisés de Sao Paulo, la mégapole du Brésil.

Jeudi, les évêques brésiliens ont appelé la population au calme.

«Le scandale de corruption à Petrobras, les mesures récentes d'ajustement budgétaire, la hausse de l'inflation, la crise dans la relation entre les trois pouvoirs et les diverses manifestations d'insatisfaction de la population sont des signes d'une situation critique qui peut affaiblir l'État démocratique conquis au prix de tant de luttes et de souffrance», a alerté la Conférence nationale des évêques.

La démocratie a été rétablie au Brésil en 1985, après une dictature militaire de 21 ans.

Un des mouvements appelant à manifester, «Viens dans la rue», se dit «indigné par la classe politique» mais ne pense pas qu'il y ait des éléments pour exiger la «destitution» de la présidente Rousseff.

Ces manifestations sont soutenues par le principal parti d'opposition, le social-démocrate PSDB d'Aecio Neves, candidat malheureux face à Rousseff lors du second tour de la présidentielle d'octobre.

Le Parti des travailleurs (PT) au pouvoir depuis 12 ans, parle de «tentative de 3e tour électoral» de l'opposition.

D'autres mouvements réclament la «destitution» de la présidente.

Le Brésil vit un climat politique incertain après la décision de la Cour suprême d'enquêter sur une cinquantaine d'hommes politiques - dont 12 sénateurs et 22 députés - soupçonnés d'avoir reçu des pots-de-vin ou blanchi de l'argent de Petrobras. La plupart appartiennent à des partis de la coalition gouvernementale et au PT.

«Son élection a été difficile et Dilma (Rousseff) ne fait pas le programme de gouvernement promis (...). Le PT est arrivé au pouvoir en promettant la fin de la corruption et on s'aperçoit que Petrobras a été dévalisée pendant 18 ans», a déclaré à l'AFP l'anthropologue Roberto Damatta, 78 ans.

D'autres marches en défense de la démocratie, de Petrobras et de la réforme politique ont été convoquées vendredi par des syndicats et mouvements sociaux qui soutiennent le PT dans plusieurs villes du pays.