Le président cubain Raul Castro a exigé mercredi des États-Unis qu'ils mettent fin à l'embargo contre Cuba afin de normaliser leurs relations, fort du soutien de plusieurs pays latino-américains réunis pour un sommet.

«L'établissement de relations diplomatiques est le début d'un processus en vue de la normalisation des relations bilatérales, mais cette dernière ne sera pas possible tant qu'existera l'embargo», a-t-il déclaré dans un discours prononcé au sommet de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac), au Costa Rica.

Selon Raul Castro, cette normalisation ne pourra pas non plus avoir lieu tant que «ne sera pas restitué le territoire occupé illégalement par la base navale de Guantanamo» et qu'«il n'y aura pas une compensation équitable pour notre peuple pour les dégâts humains et économiques subis».

«Si ces problèmes ne sont pas résolus, ce rapprochement diplomatique entre Cuba et les États-Unis n'aura aucun sens», a-t-il affirmé, reconnaissant que le chemin pour y parvenir sera «long et difficile».

«Le problème principal n'a pas été résolu. L'embargo économique, commercial et financier, qui provoque d'énormes dégâts humains et économiques et qui constitue une violation du droit international, doit prendre fin», a insisté le dirigeant.

Raul Castro s'exprimait pour la première fois depuis la tenue de pourparlers historiques entre les deux pays, la semaine dernière à La Havane, autour des questions migratoires et de la réouverture des ambassades.

Le frère de Fidel Castro a pris note de l'appel du président américain Barack Obama au Congrès pour mettre un terme à l'embargo en vigueur depuis 1962 contre l'île communiste, mais il lui a demandé d'aller plus loin, estimant que les mesures d'assouplissement promises étaient «limitées».

«Il pourrait mettre à profit avec détermination les prérogatives que lui accorde son statut de dirigeant pour modifier de façon substantielle l'application de l'embargo, même sans la décision du Congrès», a assuré le président cubain.

Les restrictions aux voyages de ressortissants américains à Cuba et aux échanges commerciaux ont été allégées récemment, mais la plupart des sanctions économiques et commerciales restent en vigueur et ne peuvent être levées que par un vote du Congrès.

Ce dernier a d'ores et déjà fait connaître son opposition à une fin de l'embargo.

«Certaines forces aux États-Unis tenteront de faire capoter ce processus qui s'amorce», a mis en garde Raul Castro.

Le dirigeant a bénéficié mercredi du soutien de plusieurs pays latino-américains, réunis pour le sommet de la Celac, une organisation opposée à l'embargo: «les pays de la Celac lancent un appel (...) au président Obama pour (...) une normalisation rapide des relations avec Cuba», a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères du Costa Rica, Alejandro Solano.

«C'en est assez de cet embargo criminel contre Cuba, qui est contraire aux principes de l'OEA (Organisation des États américains, ndlr), aux principes fondamentaux des Nations unies, au droit international et à tous les principes que dans leurs discours ils (les États-Unis, ndlr) disent défendre», a clamé le président équatorien Rafael Correa.

L'embargo «devra disparaître», a aussi déclaré le président nicaraguayen Daniel Ortega, «même s'il y en a qui s'opposent à l'intention du président Obama et à la voie qu'il a ouverte».