Les autorités colombiennes ont admis lundi l'existence de «divergences considérables» avec la guérilla marxiste des Farc concernant le sort judiciaire des rebelles, notamment la question de savoir s'ils doivent effectuer ou non une peine de prison.

«Ces questions sont très complexes. En matière de justice transitionnelle, comme on pouvait le prévoir, nous faisons encore face à des divergences considérables», a indiqué l'ancien vice-président Humberto de la Calle, représentant du gouvernement pour les négociations en cours avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Délocalisés depuis novembre 2012 à Cuba, ces pourparlers, qui ont marqué une pause à Noël, visent à mettre fin au plus vieux conflit d'Amérique latine, qui a fait en cinquante ans quelque 220 000 morts et plus de 5 millions de déplacés, selon des chiffres officiels.

Avant la reprise des discussions, prévue le 2 février, les délégations du gouvernement et de la rébellion ont tenu des réunions de travail afin d'«examiner le panorama général pour les prochaines étapes», a précisé M. de la Calle, lors d'une allocution à la télévision colombienne.

Outre les réparations pour les victimes et l'arrêt des hostilités, les négociateurs doivent aborder la question du statut pénal pour les ex-guérilleros, les Farc étant hostiles à l'idée de devoir passer par la prison.

«La Colombie doit s'adapter aux standards mondiaux et nationaux, notamment en ce qui concerne les crimes internationaux», a souligné le chef de la délégation gouvernementale, estimant toutefois qu'il y avait «des espaces possibles pour une alternative pénale».

Le gouvernement n'a pas encore précisé quelles mesures de justice transitionnelle étaient envisagées, alors que l'opposition l'accuse de vouloir offrir l'impunité aux rebelles.

Lors d'un précédent processus de paix, mené dans les années 2000 avec des milices paramilitaires d'extrême droite tenues pour responsables de massacres de civils, les autorités colombiennes avaient institué la possibilité de réduction de peine en échange d'aveux.

Une écrasante majorité des Colombiens, soit 89%, s'est déclarée opposée à la dispense de peines de prison pour les guérilleros, selon un sondage diffusé par la radio Caracol en octobre dernier.

Issue d'une insurrection paysanne en 1964, les Farc, la principale guérilla colombienne, comptent encore, selon les autorités, près de 8000 combattants, essentiellement repliés dans les zones rurales du pays.