Les États-Unis allègent dès vendredi d'importantes restrictions commerciales et de voyages vis-à-vis de Cuba, donnant corps au rapprochement historique entre les deux pays annoncé à la mi-décembre par la Maison-Blanche.

«L'annonce d'aujourd'hui (jeudi) constitue une étape supplémentaire vers la fin d'un système qui ne fonctionne pas et met en place des mesures qui soutiennent la liberté politique et économique du peuple cubain», a déclaré le secrétaire au Trésor américain, Jacob Lew, cité dans un communiqué.

Les possibilités de voyages sur l'île communiste tout comme les transferts de fonds de migrants cubains ainsi que les échanges dans des domaines clés tels que les télécommunications seront étendus par Washington.

L'embargo économique américain, décrété en 1962 contre Cuba, demeure toutefois en place et devra encore être levé par le Congrès des États-Unis.

«Ces changements vont immédiatement permettre aux Américains de fournir davantage de moyens à la population cubaine pour qu'elle devienne moins dépendante d'une économie planifiée et vont faciliter le développement de notre relation avec le peuple cubain», a affirmé la Maison-Blanche.

Il s'agit, à travers l'ouverture de ces échanges de toucher «le Cubain moyen» et «d'accélérer le processus de transformation à long terme» de la société cubaine, a commenté un haut responsable de l'administration américaine.

Les mesures, qui paraîtront vendredi au journal officiel, formalisent le rapprochement historique entre les États-Unis et Cuba annoncé par le président Barack Obama et son homologue cubain Raul Castro le 17 décembre dernier.

Si les voyages touristiques sont toujours interdits, les possibilités de visites d'Américains vers Cuba sont grandement élargies à condition qu'elles entrent dans des catégories réglementaires allant de la visite familiale aux voyages d'affaires.

Douze catégories sont autorisées dont les voyages à but d'enseignement, pour la recherche professionnelle, pour des activités religieuses, des performances artistiques ou des compétitions sportives.

Les Américains pourront désormais utiliser leurs cartes de crédit à Cuba.

Le plafond pour l'envoi d'argent de la part des migrants depuis les États-Unis vers Cuba passera de 500 à 2000 dollars par trimestre. Ces transferts de fonds n'ont pas de plafond lorsqu'il s'agit de développer une société commerciale ou de financer un projet humanitaire. Les colis personnels pour des cadeaux seront autorisés.

Priorité aux télécoms et à l'internet

Du côté des échanges commerciaux, les services financiers sont assouplis, les institutions financières américaines pouvant désormais ouvrir des comptes à Cuba afin de faciliter les paiements pour des transactions autorisées.

En matière d'exportations, les entreprises américaines seront autorisées à vendre des matériaux de construction au secteur privé.

Point clé de cette ouverture des échanges, les exportations dans le secteur des télécommunications seront encouragées, que ce soit au niveau des infrastructures, des logiciels ou des terminaux grand public.

«Nous essayons d'encourager les compagnies de télécommunications et fournisseurs d'internet basées aux États unis de s'engager à Cuba», a indiqué un haut responsable de l'administration américaine lors d'une conférence téléphonique.

L'impact économique potentiel de ce nouveau marché pour les États-Unis «est difficile à quantifier», a poursuivi ce responsable ajoutant seulement que cela devrait représenter «un marché très significatif». Sous le régime actuel des licences d'autorisation, les États-Unis exportent déjà pour 300 millions de dollars de produits agricoles, a-t-il précisé.

À l'inverse, les exportations à partir de Cuba, sans autorisation préalable, restent limitées à ce que peuvent rapporter les visiteurs de retour sur le territoire américain.

Ceux-ci pourront désormais revenir avec des biens pour une valeur de 400 dollars, soit 300 dollars de plus qu'auparavant. Mais au sein de ce montant, ils ne peuvent rapporter que pour 100 dollars de cigares ou d'alcool.

Opposé à l'assouplissement des sanctions à l'encontre de Cuba, le sénateur républicain de Floride Marco Rubio, a protesté dans un communiqué jeudi. «Cela représente une aubaine pour le régime de Castro qui sera utilisé pour financer sa répression vis-à-vis des Cubains ainsi que ses activités contre les intérêts nationaux américains en Amérique latine et ailleurs», a affirmé cet élu d'origine cubaine.